Une vieille légende qui nous vient des polders de Zélande aux Pays-Bas nous rapporte qu’une sirène avait été capturée et enfermée par des pêcheurs dans une très haute tour près de Coudekerque dans la jolie commune de Veere. Pour les punir, elle provoqua un déluge qui noya tous les habitants du village.
Le long des dunes blondes et des polders de Zélande vous aurez peut- être l’occasion de voir cette haute tour appelée Plompetoren ……
Une histoire d’eau avant tout…
Aux Pays-Bas une partie de la surface des terres à l’ouest a été gagnée par la mer nécessitant la construction de digues.Cette zone de polders forme 17 pour cent du territoire situé sous le niveau de la mer. Ici, c’est historique, on a toujours lutté contre les eaux et de siècle en siècle le sol baisse de 20 cm par rapport au niveau de la mer. Dès le X ème siècle les Hollandais construisirent des digues et s’adonnèrent à la poldérisation des terres, encouragée par le clergé.L’ implantation de moulins à vent permit également d’assécher de plus grandes surfaces d’eau.Les hommes purent ainsi organiser des « zones de résistance » face à la mer du nord mais parfois les digues rompaient et la mer reprenait ses droits sur la terre malgré les efforts des habitants.
La Zélande entre terre et mer
Dans le sud-ouest des Pays-Bas, ponctuée de digues, de barrages et de dunes blondes, la Zélande, formée de plusieurs presqu’îles offre des paysages qui ont inspiré les plus grands maîtres de la peinture hollandaise de l’école de La Haye.
Cette magnifique région, où l’on peut découvrir de charmantes villes créées au siècle d’or, est avant tout un lieu de mémoire des grandes inondations subies par la population au cours de l’histoire et plus particulièrement au XX ème siècle. La plus tristement célèbre sera celle du raz- de-marée qui ravagea le sud-ouest des Pays-Bas, dans la nuit du 31 janvier au 1er février1953 quand la mer déchaînée détruisit une partie des digues en ouvrant plus de 400 brèches . Ce phénomène était dû à la conjonction d’une marée avec une forte tempête venant du nord-ouest.
La petite ville d’Ouwerkerk sur l île de Schouwen-Duiveland a été particulièrement décimée par cette catastrophe naturelle qui surprit ses habitants en plein milieu de la nuit avec un niveau des eaux qui atteignit 4 mètres au-dessus des polders.
Les ouvrages mis en place à l’époque étaient insuffisants pour résister à un niveau des eaux bien supérieur à celui de la mer. La région sud -ouest des Pays-Bas , où se situe la Zélande est formée par un delta où le Rhin la Meuse et l’Escaut se jettent dans la mer du nord. C’est ainsi qu’a été mise en place une commission spéciale pour engager des travaux au niveau du delta visant à exclure le risque de nouvelles inondations.
Le Plan Delta de 1985
La commission spéciale conseille à l’époque de fermer les bras de mer autour du delta pour la protection des digues grâce à d’importants barrages.En 1985 une loi dans ce sens, est définitivement adoptée au profit d’une plus grande sécurité des habitants plus qu’à l’égard de la protection de l’environnement.
La phase la plus importante du Plan Delta et de l’aménagement de ses ouvrages hydrauliques fut réalisée en 1986 avec la création d’un barrage anti tempête dans l’Escaut oriental. Mais dès les années 1960 une prise de conscience collective face à l ‘importance de l’environnement ne cessait d’augmenter. La fermeture de l’Escaut oriental par un barrage permanent et d’un seul tenant serait irréversible pour la pêche et la conservation d’une biodiversité. Un barrage totalement fermé à l’eau de mer était susceptible d’entraîner la mort de la conchyculture, menaçant à la fois la faune et la flore.
Ainsi une commission scientifique se mettra en œuvre afin de sauver l’environnement de la Zélande et des eaux de l’Escaut oriental constitués d’un biotope particulièrement riche: éponges,anémones de mer, crabes et variétés d’algues rares .De plus, de nombreuses espèces ornithologiques viennent s’y abriter et s’y nicher au cours de leur migration.
Il faudra donc concevoir des techniques préservant à la fois le mouvement des marées de l’Escaut oriental pour protéger les espèces animales et végétales tout en assurant la sécurité de la région.Le barrage sera désormais finalisé en 3 tronçons d’une longueur totale de 300 mètres, 62 vannes d’aciers seront placées entre les 62 piles de béton et maintenues relevées pour permettre la pénétration des eaux salées en assurant ainsi la survie des espèces marines. Ce n’est qu’en cas de tempête que les vannes sont fermées.
Des lieux pour comprendre
Afin de prendre conscience des enjeux économiques et environnementaux de la Zélande, il est recommandé de se rendre au Delta Park Neeltje Jans sur l’île du même nom située sur l’Escaut oriental.Ce parc à vocation pédagogique et ludique, présente une très émouvante animation panoramique en 4D The Delta experience de 12 minutes sur la catastrophe et le raz-de- marée qui eut lieu dans la nuit du 31 Janvier au 1er février 1953 en Zélande. Une série d’images d’archives sont présentées à la suite de l’animation attestant des ravages causés par la furie de la mer du nord et présentant les différentes étapes de la construction du Plan Delta.
Un petit train vous emmènera au niveau du barrage, sur lequel il sera possible de monter par des escaliers pour découvrir l’ingéniosité des ingénieurs qui y ont oeuvré.En chemin on pourra découvrir une maquette reproduisant le Plan Delta et son implantation sur la région de Zélande.
Le Watersnoodmuseum : se souvenir,apprendre et regarder vers l’avenir
A Ouwerkerke, petit village situé sur l’ île de Schouwen-Duiveland, un musée en commémoration des inondations de 1953 a été créé après bon nombre de pétitions.En 1997 un groupe de travail réussit à donner forme au projet.
C’est dans une série de 4 caissons en béton qui avaient été installés au fond de la mer pour colmater la dernière grande brèche suite à la catastrophe de 1953 qu’a été conçu et érigé le Watersnoodmuseum sous la houlette de l’architecte néerlandais Evert Joosse.La visite de ce musée se fait par le passage successif dans les 4 caissons :
caisson n°1 : témoignages des faits accompagnés de photos,films et articles de journaux.
caisson n°2 :émotions et portraits des victimes suivis de l’assistance internationale et d’un grand élan de solidarité à la reconstruction et au nettoyage de cet immense chaos.
caisson n°3 : Les nombreuses donations des pays scandinaves( dont des maisons mobiles)ainsi que la nouvelle approche de la gestion des eaux aux Pays -Bas.
caisson n°4 : L’eau ennemie peut devenir une alliée si elle est toutefois gérée de façon innovante .
Le public découvre les projets en termes de sécurité grâce à des écrans tactiles.
Le Watersnoodmuseum comporte un groupe de travail de bénévoles qui ont constitué une véritable banque sonore de témoignages qui s’ enrichit de jour en jour.On remarquera le monument Watersnood en forme de vague érigé à l’extérieur du musée.
À la conquête des jolies villes du siècle d’or
C’est le navigateur Abel Janszoon Tasman connu pour ses voyages au service de la Compagnie Néerlandaise des Indes Orientales qui découvrit la Nouvelle Zélande et la surnomma ainsi en référence à la province de Zélande aux Pays -Bas durant le siècle d’or.
Aujourd’hui la petite ville de Veere conserve le cachet originel qu’elle avait lorsque la Zélande fut à son apogée aux 16 ème et 17 ème siècles.
Durant ce siècle d’or les villes de Middelbourg,Vlissingen, Zierikzee et Veere constituaient d’importants ports aux Pays-Bas.
Veere, la ville des marchands de laine d’Ecosse
Veere détint le monopole de l’importation de la laine d’écosse au XVI ème siècle et devint prospère grâce à ce commerce.Plus tard la ville fut une des premières à cultiver le tabac. De nos jours les maisons de marchands de laine sont encore visibles à Veere ainsi qu’un hôtel de ville datant du XVème siècle, un joli port de plaisance et le moulin de la vache un peu excentré.
Zierikzee ancienne demeure des Comtes de Hollande et de Zélande
La ville est ceinturée par le canal de la Gouwe et on y entre par une double porte de style Renaissance. Elle est dotée également de deux ponts mobiles et d’un vieux port où sont alignées de belles demeures du 17 ème et 18 ème siecle. A déguster absolument les moules et le homard tout droit venus de l’Escaut oriental. Zierikzee est reliée à l’ancienne île de Noord Beveland par le pont de Zélande.
Guide pratique
Aller en Zélande
Le plus pratique est de prendre le Thalys Paris-Anvers puis de rejoindre Middelbourg en voiture . Compter 1h15.
www.thalys.com/Paris/Anvers à partir de 29 euros.
Location de voiture Europcar dans la gare d’Anvers : www.europcar.fr
Central Station-Pelikaanstraat 3 Parking -Van Immerseelstraat 2018 Antwerpen.
Se loger
à 10 minutes de Zierikzee
Hof van Alexander Boutiquehotel
Slikweg 7 4321 SV Kerkwerve
Tél. 0031 111 40 89 48 ou
0031 6 14 65 83 36 http://www.hofvanalexander.nl/
Chambre luxe double à partir de 109 euros.
Manger des moules et du homard
à Kerkwerve
Restaurant De Heerenkeet
Boogerdweg1
4321 SN Kerkwerve
www.deheerenkeet.nl
à Bruinisse
Habrakenvis Bru 17
Havenkade 18
4311 BA Bruinisse
Visiter
La réalisation des barrages du Plan Delta et
voir le film Delta experience
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