Le Château-Observatoire d’Antoine d’ Abbadie (1810-1897), de style néogothique, fut construit au 19è par Eugène Viollet-le-Duc. Face à l’océan, le bâtiment trône sur les hauteurs d’Hendaye. Par temps clair, dans l’embrasure de l’entrée principale, flanquée d’un incroyable bestiaire d’animaux sculptés, la montagne de la Rhune se détache fièrement sur fond d’azur. Le Château-Observatoire d’Antoine d’Abbadie, site remarquable, classé 2 étoiles au Guide Michelin, est caractérisé par des gargouilles, des créneaux et différentes statues en façade. Inspiré par les standards du Moyen-âge, le domaine est inséré dans un parc de 4 hectares et a été transformé en un passionnant musée ouvrant ses portes au public en 1996.
La demeure d’Antoine d’Abbadie
Antoine d’ Abbadie, né le 3 janvier 1810 à Dublin, était le deuxième enfant et fils aîné d’une fratrie de six. Originaire de la Soule, de mère irlandaise et d’un père basque, il acheta des terres ici pour procéder à ses expériences en astronomie et en botanique. A l’origine, 415 hectares de terres agricoles cerclaient la demeure, occupant une bonne partie de la corniche et un petit morceau d’Hendaye. Le domaine offre un magnifique point de vue sur la baie d’Hendaye ainsi que sur la ville de Fontarrabie bordée de plages en Espagne. Les anciennes terres d’Antoine d’ Abbadie furent revendues au conservatoire du littoral. Un jardin botanique à vocation scientifique pour l’étude des plantes, a été restauré à l’identique de celui du 19è siècle grâce à des archives et des plans. La faune et la flore, constituées d’espèces endémiques, sont situées en zone protégée. La plupart des arbres visibles aujourd’hui dans le parc ont été plantés vers 2020, à l’exception d’un trio de cyprès de Lambert, tout droit venus de Californie, qui furent plantés par le maître des lieux. Une remarquable allée d’ormes, similaire à celle édifiée à la période romantique, met en valeur une découverte sur le château, lui conférant un certain mystère. L’architecte- paysagiste Eugène Bühler ( créateur du parc de la tête d’or à Lyon) dessina l’ensemble du parc quant au château, vieux de 150 ans, il fut édifié par Viollet-le-Duc avec une décoration intérieure imaginée par son collaborateur Edmond Duthoit. La ferme, rasée par d’ Abbadie, se trouvait à l’emplacement du château. Elle fut reconstruite en contrebas et l’académicien y habitera entre 1864 et 1884 durant 20 ans, le temps de la construction du château. La ferme a ensuite servi de logement pour la dizaine de domestiques qui travaillaient à l’extérieur et à l’intérieur du domaine. Jardiniers et cochers logeaient dans la maison en aval du château alors que cuisinières, valets de chambre résidaient au second étage de celui-ci. Antoine d’ Abbadie traitait bien ses employés et ses métayers, les payant très correctement avec 1 jour de congé par semaine, ce qui n’était pas encore acté à l’époque. L’homme de sciences et grand voyageur était doublé d’un humaniste avant-gardiste, subvenant à tous les frais médicaux de ses employés.
Les intérieurs du château
Le château comporte 3 ailes et est structuré en forme de Y. L’aile de la réception comprend les chambres d’invités à l’étage et un salon-salle à manger au rez-de-chaussée. L’aile de la dévotion, est dédiée à la chapelle et l’aile du travail déploie une bibliothèque de plus de 10 000 ouvrages scientifiques et littéraires. Un observatoire, installé sous une toiture coulissante, permettait d’explorer avec une lunette méridienne décimale, plus de 50 000 étoiles. Cet espace a fonctionné pendant une centaine d’années et a été depuis motorisé bien que non utilisé. Les 3 ailes débouchent sur une pièce ronde centrale où de splendides boucliers d’apparat éthiopiens sont accrochés sur une corniche circulaire. Antoine d’ Abbadie rencontrera sa future épouse Virginie Vincent de Saint Bonnet à l’âge de 40 ans après avoir finalisé un long périple en Éthiopie ( pour réaliser une cartographie complète du pays). Homme d’une grande exigence, il attendra 10 ans avant de se marier à l’âge de 50 ans. Son épouse n’a que 31 ans: elle est très fortunée grâce à des parents négociants en tissus et soieries à Lyon. Virginie parle 6 langues et sera en charge de tous les projets d’aménagement du château en échangeant directement avec Viollet-le-Duc et Edmond Duthoit. Cet architecte picard de talent, avait été remarqué par Viollet-le-Duc lors de la restauration de la cathédrale d’Amiens. Il reprendra les rennes pour finaliser les travaux du château à la mort de Viollet-le-Duc.
Un peu d’histoire et de stratégie
D’Abbadie acheta un hôtel particulier rue du Bac car, en tant qu’académicien, il était dans l’obligation de résider à Paris. La construction et l’aménagement du château furent financés grâce à l’héritage de ses parents, tous deux commerçants en alcools forts d’Irlande et en vins d ‘Espagne. D’Abbadie,qui se destinait au départ à des études de droit, devint non seulement un membre de l’Académie des sciences, grâce au soutien de l’astronome-physicien François Arago mais s’avéra être un géographe et un explorateur polyglotte d’exception. Il autofinancera ses voyages en Éthiopie où il séjournera durant 11 ans ainsi que dans le reste du monde. L’académicien fréquentera Napoléon III, rencontré sur un bateau et ce dernier lui fera la promesse de placer la dernière pierre du château à la fin des travaux. Le vœu ne fut pas honoré car Napoléon III mourut avant. Durant la seconde guerre mondiale le château fut occupé par des officiers allemands et entouré de nombreux bunkers. L’endroit étant situé sur une zone stratégique face à l’océan et proche de l’Espagne, Hitler et Franco se rencontrèrent à Hendaye. De nos jours, l’Académie des sciences, après avoir hérité du château à la mort d’Antoine d’Abbadie, en est toujours propriétaire. Un de ses membres, un abbé scientifique, l’utilisa comme observatoire pendant 80 ans jusqu’en 1974. Le Château-Observatoire fut transformé en musée en 1994..
Une architecture étoilée de symboles
La façade principale du château comporte une grande variété de gargouilles, d’escargots, de grenouilles et de crocodiles , très certainement inspirés de des voyages en Afrique d’Antoine d’ Abbadie et de la mode de l’orientalisme diffusée par les grands voyageurs. Sous le porche de l’entrée principale, des statues de lévriers montent la garde. Le chien y incarne la fidélité, symbole important pour Antoine d’ Abbadie car fidèle à la science, à la religion et à son épouse. Les initiales A et V ( pour Antoine et Virginie, son épouse) apparaissent gravées sur le collier du chien sculpté. On retrouvera également ces initiales sur divers objets de la maison. D’Abbadie parlait 14 langues dont le gaélique ( il naquit à Dublin). Il fit graver une phrase en gaélique ornée d’un shamrock de bienvenue au-dessus du porche ainsi qu’une phrase en basque » ezer ikusi ez ezer ikasi » ( » rien vu, rien appris « ). Cet humaniste voulait partager la compilation de tous les moments forts de sa vie. Un alignement de trous sur les murs du rez-de-chaussée sont tous orientés vers le sommet de la Rhune. D’ Abbadie voulait réaliser une expérience scientifique sur la réfraction atmosphérique de la lumière ( vitesse variable de la lumière en fonction de la matière traversée). Renonçant à placer une lunette de télescope trop encombrante, il installa des lentilles optiques dans chacun de ces trous. Malheureusement les hauteurs sous plafond étant variables d’une pièce à l’autre du château, la température n’était pas constante et cette expérience échoua car il fallait une température stable pour que l’expérience soit concluante, d’où cette phrase écrite » rien vu, rien appris »!
Un lieu vivant au rythme des animations
De grands rendez-vous scientifiques auront lieu tout l’été et à l’automne au Château-Observatoire d’Abbadia proposant des conférenciers scientifiques autour de différentes thématiques . Une visite thématique » Embarqués dans l’espace » emmènera les visiteurs au cœur de l’Univers, expliquant comment Antoine d’ Abbadie a contribué à comprendre la place de l’homme dans l’Univers. Diverses animations pour les familles et leurs enfants ponctueront l’été. La Société d’Astronomie de la Côte Basque proposera 3 ateliers pour observer le soleil, la lune et Vénus, le triangle d’été et Saturne le samedi 10 août prochain.
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Y aller
Abbadia Château-Observatoire
Route de la Corniche- 64700 Hendaye
Tel +33(0)5 59 20 04 51
www.chateau-abbadia.fr
Visite guidée prestige -Tarif unique 19,90 euros
Visite libre pour les visiteurs individuels -tarif Adultes 10,50 euros, forfait famille (2 adultes & 3 enfants)- tarif 28 euros- tarif étudiant-8 euros.
Renseignements auprès de www.tourisme64.com et www.hendaye-tourisme.fr
Remerciements à l’Agence Départementale du Tourisme 64 ainsi qu’à Hendaye Tourisme-Pays Basque.
Cet article est non rémunéré.
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