Le département de l’Aude a initié un vaste projet Aude 2030 pour l’inscription au Patrimoine Mondial de l’Humanité de la Cité de Carcassonne et de ses 7 châteaux sentinelles en tant que « bien en série ».
Carcassonne, déjà inscrite sur la liste du patrimoine mondial depuis Décembre 1997, sera mise à l’honneur les 4 et 5 Décembre prochains à l’occasion d’un colloque scientifique (Patrimoine mondial : une valeur universelle ?) qui marquera son 20 ème anniversaire. L’état a intégré au premier semestre 2017 la Cité de Carcassonne, et les sites d’Aguilar, Lastours, Montségur, Peyrepertuse, Puilaurens, Quéribus et Termes sur la liste qui sera soumise à l’UNESCO pour inscription. En vue d’appuyer cette étape décisive et porteuse d’un élan économique certain pour le département, un comité scientifique a été créé en 2013 pour justifier de la valeur universelle exceptionnelle de ce bien en série selon 2 critères parmi les 10 éligibles à la sélection définie par l’UNESCO. L’architecture militaire initiée au XIIe siècle par Philippe Auguste témoigne d’un système territorial de défense et de l’affirmation du pouvoir royal sur le sud de la France. Ce modèle architectural a été sans conteste un vrai phénomène sociétal illustrant les débuts d’un État centralisé en France.
Carcassonne, du Moyen-Âge à un nouveau pouvoir royal centralisé
Cette ancienne ville romaine du nom de Carcaso fut très prospère au Moyen-Âge. Sa situation géographique offre de superbes points de vue sur la Montagne noire et les Pyrénées. À l’époque féodale de puissantes dynasties se partageront le Midi de la France. De 1125 à 1130 la vicomté des Trencavel investira la Cité de Carcassonne qui deviendra sa résidence principale. Un de ses descendants, Raimond-Roger Trencavel s’opposera à la croisade des Albigeois menée par Simon de Montfort visant à éradiquer la foi cathare.
C’est à l’occasion du siège de 1209 que la Cité, vaincue, sera rattachée au Domaine Royal en 1226 et sera mise à de nouvelles normes architecturales lui conférant un usage exclusivement militaire et la rendant imprenable face au Royaume d’Aragon.
De nouvelles fortifications seront élaborées sur le modèle prescrit par Philippe Auguste et encercleront désormais la totalité de la Cité Comtale et ses 52 tours. Celles-ci, quadrangulaires, deviendront circulaires et seront percées d’archères surmontées de hourds (plateformes en décrochement sur les murs) et d’échauguettes sans oublier les pierres à bossage sur les façades.
On notera l’apparition de lignes gothiques élégantes dans l’architecture des forteresses. Dès 1233, l’Inquisition installera au sein de la Cité Comtale son tribunal religieux ainsi qu’une prison pour les Hérétiques au pied de la Citadelle. C’est d’ailleurs dans le rempart médiéval ouest que la Tour de la Justice conserve aujourd’hui les archives inquisitoriales couvrant la période du XIIIe siècle jusqu’à la Révolution.
Désormais la gestion des forteresses royales surnommées « châteaux sentinelles » sera assurée par le sénéchal de Carcassonne .Une grande campagne d’expropriation provoquera le déplacement des populations villageoises et les bourgs avoisinant la Cité de Carcassonne seront rasés.
Les châteaux sentinelles au nombre de 7, construits en moins d’un demi siècle qui matérialiseront la ligne frontière avec le Royaume d’Aragon.
Lastours, ensemble de 4 châteaux sentinelles
Le site de Cabaret qui fait partie de l’ensemble des 4 châteaux de Lastours situé à 300 mètres d’altitude sur les premiers contreforts de la Montagne Noire au nord de Carcassonne (Cabaret, Tour Régine, Surdespine et Quertinheux). Cabaret fait partie de l’ ensemble de 3 châteaux sentinelles construits au XIè siècle où régnaient les seigneurs de Cabaret enrichis grâce à l’exploitation des mines de fer locales; ceux-ci étaient des sympathisants du catharisme. Les 4 châteaux, incluant la Tour Régine construite ultérieurement, subiront diverses attaques de croisés et seront assiégés en 1227.
Le village castral de Cabaret capitulera en 1229 et les derniers Parfaits et Parfaites de la communauté cathare qui y vivaient (pour la plupart des artisans) s’enfuiront et rejoindront la vallée du Pays de Sault après avoir détruit leurs propres maisons. Les châteaux furent pillés et reconstruits sous la forme de forteresses royales au milieu du XIIIe siècle en abritant exclusivement des garnisons d’une vingtaine de personnes. C’est à cette époque que le 4ème et dernier château, la Tour Régine, fut édifié.
Au sud du département, Terme, Aguilar, Quéribus, Peyrepertuse et Puilaurens
Les châteaux sentinelles de l’Aude sont emblématiques d’une architecture monumentale perchée sur des promontoires choisis pour leurs qualités défensives et dont l’accès nous paraît improbable. Ces ascensions sportives pour les amateurs de castellologie vous couperont le souffle à plus d’un point ! Le titre de citadelles du vertige n’est pas anodin car les vues panoramiques du haut de ces fortifications justifient largement les efforts des randonneurs les moins experts !
Ces citadelles haut perchées suivent le tracé fidèle des frontières délimitées lors du Traité de Corbeil de 1258.
Aguilar, qui domine la plaine de Tuchan, sera un poste de guet idéal pour Louis XI qui surveillait les Corbières, Peyrepertuse culmine à 796 mètres et est un des points les plus stratégiques du réseau de défense contre le Royame d’Aragon.
Il constitue avec Quéribus un des plus beaux ensembles de forteresses royales médiévales et est doté d’une immense poudrière. Quéribus,surnommé le » rocher des buis » restera un certain temps en dehors des affrontements durant la Croisade des Albigeois et sera sous le commandement de Chabert de Barbaira qui accueillera de nombreux chevaliers des Corbières chassés par le pouvoir royal. Quéribus deviendra forteresse royale en 1255.On accède à ce nid d’aigle solitaire en traversant le charmant village de Cucugnan où l’on prendra le temps de déguster le pain de son célèbre meunier ! Sans oublier une halte à l’auberge de Cucugnan pour goûter aux produits du terroir labellisés Marque Pays Cathare ...
C’est en traversant une magnifique forêt de sapins que l’on rejoindra Puilaurens, situé dans les Pyrénées audoises à mi-chemin entre Carcassonne et Perpignan. Cette forteresse royale fut remaniée sous Saint Louis pour mieux renforcer la frontière avec le Royaume d’Aragon.
Montségur, dernier bastion cathare
Montségur, se situe en Pays d’Olmes dans les Pyrénées cathares à la frontière de l’Aude et du Pays de Sault. Dès 1204 ce site historique fut la capitale du catharisme et deviendra très vite un lieu de refuge sous la forme d’un castrum et de fortifications édifiées par le seigneur Raimond de Pereille, vassal du Comte de Foix, selon les écrits conservés dans les registres inquisitoriaux. Ce lieu de protection, le « Mont Sûr » deviendra Montségur pour se protéger contre la croisade des Albigeois venue combattre les ennemis de la papauté.
La montagne que l’on appelle aussi Pog en occitan culmine à 1207 mètres s’étirant à l’est sur 800 mètres de long et sur 80 mètres de large. Le Pog s’interrompt brusquement par une redoutable falaise appelée le Roc de la Tour. Il semblerait que le site ait été occupé dès le néolithique puis investi par les Romains. Montségur restera pendant 40 ans entre les mains des cathares et des faydits, catholiques occitans qui les soutenaient. Le siège de Montségur va durer 11 mois et les croisés feront appel à des ribauds, montagnards locaux, qui escaladeront le Roc de la Tour à l’est et hisseront au sommet des catapultes.
Le 1er mars 1244 aura lieu un assaut à l’échelle auquel participeront également des femmes de la montagne. On proposera aux Cathares, accusés du « mal de l’infidélité » à l’encontre de l’église catholique, d’abjurer leur foi, aucun n’acceptera et ils préfèreront mourir brûlés. Plus de 30 catholiques occitans, les faydits de Montségur, dirigés par PèireRoger de Mirepoix et le chevalier Guilhem de Lahille resteront solidaires et mourront avec les Cathares. Ce sont les troupes de l’évêque de Narbonne qui viendront chercher les hérétiques abjurés dont la plus jeune, Azélaïs, n’avait même pas 12 ans. Une énorme fosse sera creusée entourée de pieux contre lesquels seront posées des échelles. Les Hérétiques y grimperont accompagnés des faydits convertis au catharisme lors d’un consolamentum (baptême et également cérémonie accordée aux mourants pour sauver leur âme) pour se précipiter dans les flammes. Les croisés en 1244 puniront Montségur non seulement dans la chair mais aussi dans la pierre en faisant disparaître les ruines des derniers villages hérétiques afin d’y construire de nouvelles fortifications sous la forme d’un château.
Les Cathares ne s ‘en remettront jamais. Le Roi de France donnera Montségur à Guy 1er de Lévis qui n’y viendra jamais. Son petit fils, Guy III fera reconstruire le château que l’on peut voir aujourd’hui. De cette période tragique qui marqua à jamais les esprits on peut voir défiler de nombreux visiteurs dont certains rendent hommage au souvenir cathare devant une stelle qui leur est dédiée alors que d’autres viennent communier avec le soleil lors du solstice d’été. Le soleil était le symbole fort de lumière et du Bien dans la religion des Cathares communément surnommés les «Bons Hommes ou Parfaits» …
La résistance des Cathares face à la croisade contre les Albigeois a été à l’origine de nombreuses sirventes, poèmes politiques chantés par les troubadours du XIIIe siècle qui ne transmettaient pas que des poèmes galants. Ces mélodies chantées très inspirées du chant grégorien disparaîtront progressivement tout comme les troubadours.
L’Inscription au Patrimoine Mondial de l’Unesco :
Dès les années 1990, 400 biens étaient déjà inscrits au Patrimoine Mondial. Depuis les dossiers de candidature sont devenus de plus en plus complexes à monter.
Pour sa candidature au patrimoine mondial le département de l’Aude a lancé un programme s’appuyant sur des forums citoyens et impliquant l’avis de tous pour préparer au mieux sa candidature. C’est autour d’André Viola, Président du département de l’Aude que s’est composé en Mai 2013 le comité scientifique de la candidature de la Cité de Carcassonne et de ses 7 châteaux sentinelles en tant que biens en série. Être éligible au Patrimoine Mondial induit une formidable dynamisation du tourisme local et un tremplin pour l’économie du département.
Le comité de soutien à la Candidature de la Cité de Carcassonne et ses châteaux sentinelles reste ouverte à tous.
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À voir, à faire
Château et remparts de la Cité de Carcassonne
1 Rue Viollet-le-Duc, 11000 Carcassonne
www.remparts-carcassonne.fr
Ouvert d’Octobre à Mars de 9h30 à 17h
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Évasion en Aude Cathare :
Visite de Quéribus et du village de Cucugnan
Contact : Aude Tourisme Evasion
Béatrice Fabre
Tel 06 86 35 87 95
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Renseignements à Aude Tourisme
www.audetourisme.com
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Fédération française de randonnée pédestre de l’Aude
http://www.auderando.fr/
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À lire:
Histoire des Cathares, Michel Roquebrune, aux éditions Tempus
Le vrai visage du Catharisme, Anne Brenon, aux éditions La Louve
Guide du sentier Cathare, www.rando-editions.com
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où dormir :
Une superbe adresse !
Hostellerie du Grand Duc *** à Gincla
2 Route de Boucheville 11140 Gincla
Tel : 04 68 20 55 02
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où manger :
La Table d’Alaïs
32 Rue du Plo, La Cité, 11000 Carcassonne
Tel 04 68 71 60 63
www.latabledalais.fr
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Auberge de Cucugnan
Tel 04 68 45 40 84
www.aubergedecucugnan.com
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À la Patate qui fume
118 Bis rue du Village ,09300 Montségur
Tel 05 61 02 65 07
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