Le Musée du Jeu de Paume présente du 16 Octobre 2018 au 27 Janvier prochain, la première exposition historique depuis 20 ans Dorothea Lange-Politiques du visible sur le travail de l’éponyme photographe américaine.
À l époque de la Grande Dépression de 1929 aux Etats-Unis le gouvernement de Franklin Roosevelt mit en place le projet du New Deal ainsi que de la Farm Security Administration créée en 1935 pour venir en aide aux fermiers victimes du Dust bowl en Oklahoma, au Kansas et au Texas.
C’est Roy Striker, membre du gouvernement, qui rassembla un groupe de 11 photographes dont les travaux constitués de plus 170 000 négatifs et tirages furent préservés grâce à leur conservation au sein de la Bibliothèque du Congrès de Washington DC. Les différents magazines révélèrent cette grave catastrophe écologique responsable en partie de la vie misérable des fermiers et des métayers et favorisèrent la mise en place du New Deal. Le rôle de ces photographes allait au-delà d’une documentation sociale sur des fermiers migrant vers la Californie.Il s’agissait avant tout de fixer sur la pellicule de vraies émotions que les gens pourraient partager et ressentir, montrant ainsi la détermination et l’endurance des plus démunis. En 1938 le FSA présenta sa première exposition à Grand Central Palace sur Lexington Avenue à New York.
Dorothea Lange au Jeu de Paume
L’exposition consacrée à Dorothea Lange au Jeu de Paume, à l’initiative de l’Oakland Museum of California, retrace le parcours qu’elle effectua à travers les Etats-Unis lorsqu’elle fut engagée avec 10 autres photographes par la Farm Security Administration. Son approche anthropologique fut enrichie de nombreuses annotations et commentaires accompagnant ses photographies, constituant ainsi une formidable mine d’informations sur les 22 états qu’elle parcourut à travers les Etats -Unis. Son témoignage très humaniste et teinté d’empathie est aujourd’hui encore un véritable catalyseur visuel de l’Amérique de la Grande Dépression et des Dirty Thirties ( sècheresse et tempêtes de poussière). L’image la plus emblématique restera ce portrait de Florence Owen Thompson, mère de 11 enfants dont seulement 7 survécurent. Cette Migrant Woman donnera lieu à une série de 7 photographies réalisées durant l’hiver de 1936. Sous ce portrait Lange inscrira ces mots : « Elle était assise là, sous cette tente à un pan, ses enfants blottis contre elle, et semblait savoir que mes photographies pourraient l’aider, et c’est pourquoi elle m’a aidée ».
À l’instar de l’oeuvre de Dorothea Lange, des écrivains tels que John Steinbeck (Les Raisins de la colère) ou encore le chanteur Woody Guthrie, originaire d’Oklahoma ( Ain’t got no home in this world anymore) témoignèrent de cette période chaotique.
Du studio au travail photographique de rue
Débutant sa carrière comme portraitiste de studio à San Francisco, Lange sera profondément touchée par les mouvements sociaux agitant la vie urbaine en 1929.
Elle s’attachera désormais à l’impact social de la récession notamment avec sa photo White Angel Breadline à San Francisco réalisée en 1933.
On peut parler d’un véritable militantisme naissant dans son travail à travers diverses séries. On se souviendra tout particulièrement de ses clichés consacrés à l’internement en « war relocation camps » des familles américaines d ‘ascendance japonaise arrêtées par le FBI dans les années 1942 à la suite de l’attaque de Pearl Harbor.
Il faudra attendre 2006 pour que cette série de photographies soit connue du public.
» Je suis convaincue que l’appareil photo est un puissant moyen de communication« .
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