Deux événements marquent le centenaire de la disparition de figures viennoises emblématiques. De Vienne 1900 au MAK à la Villa Klimt, les amoureux des mouvements artistiques d’Art Nouveau et de la Sécession de Vienne seront comblés.
Le musée des Arts appliqués de Vienne, le MAK
Le MAK présente une superbe collection permanente autour de Vienne 1900- Design /Artisanat 1890-1938. C’est avant tout l’histoire du développement d’un style proprement autrichien et tout particulièrement viennois.
La recherche d’un style moderniste autrichien entre 1890 et 1900 s’est accomplie de concert avec le cours de l’histoire.
L’exposition permanente VIENNE 1900 – Design / Artisanat 1890-1938, présente un ensemble de pièces étrangères provenant du Royaume uni, des Pays Bas, de France et d’Allemagne empruntant également les influences de l’art japonais très présent à cette période.
L’idée d’une forme artistique unifiée avait été empruntée à l’Angleterre à travers le mouvement Arts and crafts apparu à la fin de l’ère victorienne avec une renaissance de l’artisanat en réaction aux dérives de l’industrialisation à outrance. Ce courant fut notamment propagé par les membres du mouvement sécessionniste viennois qui contribua, entre autres, à amplifier la créativité dans l’univers du design des objets utilitaires du quotidien. Les noms prestigieux de Joseph Hoffmann, Koloman Moser et Joseph Maria Olbrich y furent associés.
Dès 1899 Otto Wagner, urbaniste, s’employa à développer un style fonctionnel adapté à la vie de l’homme moderne, alliant à la fois fonctionnalité et esthétisme. Ses travaux visionnaires transformeront la ville de Vienne et le modernisme viennois s’exprimera également à travers la création d’un mobilier innovant. En effet le courant secéssioniste viennois se distingue du courant Art Nouveau émergeant à la même époque en opposant des formes abstraites et plus géométriques à celles plus courbes de l’Art Nouveau.
Cette nouvelle tendance donnera naissance à la Wiener Werkstätte en 1903 (« atelier viennois » ) fondée par Joseph Hoffman et Koloman Moser, constituée par des artisans et des artistes indépendants.
La devise de cet atelier étant: « Travailler sur un objet pendant dix jours de plus vaut mieux que produire dix objets en une journée ».
L’association WW comportait des signatures prestigieuses telles que celles de Gustave Klimt, Otto Prutscher ou Egon Schiele ayant principalement comme clients les bourgeois fortunés de Vienne et les administrations de la capitale ( mobilier de la caisse d’épargne de Vienne).
Durant les années 1906 et 1907, les arts appliqués viennois introduisirent des ornements végétaux dans la création des différents objets. Dagobert Peche, designer métallurgiste autrichien, rejoignit la WW en 1915, innovant un style « baroque » qui utilisait des fleurs, des animaux et des figures humaines comme motifs décoratifs.
En 1925 la WW sera présente au pavillon autrichien de l’exposition internationale des Arts Décoratifs de Paris. Le MAK, Musée des arts appliqués de Vienne, possède la plus grande collection d’œuvres d’art de la Wiener Werkstätte.
Cette exposition permanente est complétée par deux expositions temporaires :
Post Otto Wagner, From thePostal Saving Bank to Post -Modernism jusqu’au 30 Septembre prochain et Josef-Hoffmann-Koloman Moser jusqu’au 28 Octobre.
Otto Wagner, dont le MAK célèbre le 100 ème anniversaire de sa mort, fut un des principaux pionniers du début du mouvement moderniste viennois. Son approche différente de l’urbanisme reste très actuelle et influença les générations posthumes d’architectes. On retiendra particulièrement le bâtiment de la Caisse d’épargne impériale autrichienne et l’église Saint -Léopold am Steinhof à Vienne.
Quant à Josef Hoffmann et Koloman Moser ils furent tous deux les membres fondateurs du mouvement secéssionniste viennois et fondèrent conjointement l’atelier Wiener Werkstätte en 1903.
Ils eurent une influence majeure sur les arts appliqués à Vienne au tournant du XX è siècle à travers un nouveau concept du design et de formes géométriques stylisées.
La Villa Klimt
Une autre visite incontournable est celle de la Villa Klimt située dans le 13 ème arrondissement de Vienne dans le quartier de Hietzing où l’artiste réalisa entre 1911 et 1918 une partie de ses travaux les plus importants. L’atelier d’origine, fut englobé en 1923 dans une propriété néo baroque que les propriétaires, les Klein, durent abandonner durant la période d’aryanisation de l’Autriche. Le jardin attenant à l’atelier a été restauré grâce à des documents d’époque et a participé à la création de ses dernières œuvres d’art.
Toutes les peintures présentées dans le salon et l’atelier de Klimt sont des reproductions fidèles aux originaux. La plupart des objets personnels ainsi que le mobilier ont été photographiés par Moritz Nähr, photographe et ami proche de Klimt. Ce témoignage photographique de l’atelier de l’artiste présente un ensemble de mobilier créé par Josef Hoffmann et produit par les ateliers Wiener Werkstätte. Dans l’antichambre de l’atelier on remarquera que Klimt affectionnait particulièrement l’art japonais, ce qui transparaît dans nombreux de ses travaux (notamment ses études et croquis de nus inspirés des shungas (gravures érotiques) japonais.
On retrouve également cette référence au Japon dans le portrait d’Adèle Bloch Bauer réalisé en 1907 sur fond doré en référence à l’art de la laque japonaise des paravents. La plupart des peintures de Gustave Klimt ont quitté l’atelier pour se retrouver aujourd’hui dans des musées internationaux. C’est à travers le destin parfois tragique de divers collectionneurs et clients de Klimt que l’on a pu reconstituer son parcours artistique. À l’époque, l’acquisition d’une œuvre de Klimt signait véritablement un statut social bourgeois. Parmi les acquéreurs on compte l’atelier Wiener Werkstätte, l’architecte Josef Hoffmann, Alma Mahler, les familles Bloch-Bauer, Wittgenstein et Lederer.
Ferdinand Bloch, propriétaire d’une raffinerie de sucre mais aussi directeur général de l’association des banques viennoises était marié à Adèle Bloch qui tenait un salon mondain fréquenté par des personnalités du monde politique et artistique. Klimt réalisa le portrait d’Adèle, financé par l’époux de celle- ci. Par ailleurs les Bloch achetèrent différentes œuvres de Klimt qui furent saisies puis liquidées. C’est au château d’Immendorf, utilisé par les nazis comme centre de dépôt d’oeuvres d’art, que diverses œuvres de Klimt appartenant à la famille Lederer furent consignées. En 1945, suite à un incendie dans le château, 15 tableaux de Klimt furent détruits. Ce sera grâce à la pugnacité du journaliste Hubertus Czernin dans les années 1990 qu’une pression gouvernementale sera appliquée pour la restitution des œuvres volées pendant la seconde guerre mondiale.
Dans l’atelier de Klimt le public sera troublé par sa dernière oeuvre restée inachevée The Bride dont les couleurs et les formes dégagent une force expressive. Le tableau » Lady with fan » réalisé entre 1917-1918 est ,quant à lui, inspiré du Japonisme. Klimt abandonna le thème de l’or dans ses peintures au profit de couleurs franches inspirées par Matisse.
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Exposition permanente au Mak de Vienne:
Vienne 1900. Design /Artisanat 1890-1938
Expositions temporaires:
Post-OTTO Wagnet jusqu’au 30.09.2018
Josef Hoffmann-Koloman Moser jusqu’au 28.10.18
Stubenring 5 1010 Wien
Tel +43 1 711 36-0
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Villa Klimt
Feldmühlgasse 11-1130 Wien
Tel :+43 876 11 25
Site ouvert du 1 Avril au 31 Décembre.
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Où loger:
Hotel Grand Ferdinand
Schubertring 10-12, 1010 Vienna
Tel: +43 1 91 880 400
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Remerciements à l’Office de Tourisme de Wien
www.wien.info/fr
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