Le 18 Mars prochain aura lieu la vente de la collection privée de Jacques Volcouve concernant The Beatles à l’Hôtel Drouot. Cet événement sera précédé par 2 journées d’expositions les 16 et 17 Mars avec notamment la présence du groupe We love you Paul . Pas moins de 450 lots seront mis en vente comprenant vinyls, affiches et divers objets emblématiques. Jacques Volcouve a livré son univers et son long parcours aux côtés des Beatles à la rédaction de Aufildeslieux.
AFDL :Comment a démarré cet esprit de collectionneur ?
J’ ai eu la chance d’avoir un père qui était un grand mélomane et lorsqu’il rentrait le soir de son travail, alors que mon frère et moi étions encore au berceau, nous ramenait des disques de musique classique, de Jazz, de Negro Spirituals ou de Gospel. En revanche je ne me souviens pas qu’il soit jamais revenu chez nous avec de la musique de variété de bas étage… Notre oreille a été formée par de la musique de qualité ainsi qu’à une grande largesse d’esprit. Quand on se spécialise sur de grands artistes comme les Beatles, les gens ont tendance à s’imaginer que vous êtes immédiatement maniaque et monothématique. Je me suis intéressé à des centaines d’artistes, je suis absolument fou amoureux de l’artiste LP ( lLaura Pergolizzi) et de groupes comme Broken Bells ou encore les Manic Street Preachers et je m’attache toujours à l ‘actualité musicale récente, je dois cela à mon père.
En rentrant à l’âge de l ‘adolescence durant mon année scolaire au lycée qui a démarré en 67 et s’est achevée en juin 68 le fait le plus marquant pour moi et mon frère a été sans aucun doute la sortie de l’ album Sgt Pepper Hearts Club band . C’était la première fois que les Beatles étaient pris au sérieux par le monde des adultes au même niveau que des musiciens de musique classique et de jazz . Cela les a définitivement imposés comme Gershwin ou Cole Porter.C’est un copain de mon frère, dans le même cours d’anglais que moi ,qui nous a prêté ce disque des Beatles et là j’ai craqué !
Qu’est -ce qui fait qu’ils vous ont plus impressionné que les autres ?
J ‘ai depuis longtemps l’absolue conviction que les Beatles donnaient du bonheur tandis que les autres grands artistes ne donnaient que du plaisir. Ils m’ ont apporté l ‘opportunité de parler l’anglais couramment. J’ achetais toutes les semaines en Angleterre des livres en Anglais et au moins 5 hebdomadaires avec des articles sur eux que je mettais un an à lire alors qu’aujourd’hui je traduis des livres de langue anglaise en Français.
Je ne suis pas un « Fan »des Beatles, c’est l’ absolu contraire ! Je crois que pour bien connaître les connaître il faut faire un réel travail d’historien. J ai la chance d’avoir des vidéos où on les entend parler. À partir de 67 il a fallu que je remonte le temps et rattrape mon retard ( Les Beatles ont commencé en 62) en me donnant une mission impossible qui consistait à tout avoir les concernant : articles de journaux, objets ou affiches, je voulais tous leurs disques de tous les pays. Je connais un collectionneur allemand qui a au moins autant de disques que moi mais il collectionne exclusivement des disques Lorsque va avoir lieu la vente à Drouot, le public pourra aussi bien se procurer un badge qu’une statuette de Lennon et bien entendu des vinyls.
Jean- Philippe Allardi remplira la fonction de commissaire -priseur à Drouot, il m’a été présenté par la meilleure amie en France de Yoko Ono.Les deux experts qui s’occupent de ma vente sont ceux qui ont été chargés de celle de la discothèque de Radio France en Juin 2016. J’ espère que ceux qui vont acquérir les différentes pièces auront le même plaisir que j’ai eu toutes ces années.
L’année 1972 a été un tournant important dans votre vie…
J’avais le sentiment de tout avoir sur les Beatles jusqu’au jour où j’ai entendu des enregistrements que je ne connaissais pas au cours de l’émission Carré Bleu.Il y avait, entre autres, toute une série d’émissions de radio que les Beatles avaient fait pour la BBC entre 1962 et 1965 qui donnèrent naissance à 2 doubles albums. En 1973 la BBC a sorti une série de 12 émissions d’une heure où j’ai relevé quelques inexactitudes durant les 2 premières diffusions et j’ai donc contacté le journaliste d’ Europe 1 en charge de l’adaptation française qui a vérifié les réserves que j’avais émises ,il s’est avéré que j’ avais raison.
Je passais 2 à 3 fois par semaine à la radio pour vérifier avec le chroniqueur les documents des Beatles en lui apportant mes propres archives et par la suite, la série de la BBC s’est transformée en 18 émissions d’une heure à Europe 1 ! La série a acquis une telle popularité qu’elle a été rediffusée 2 fois en I an et demi. Au début c’était la simple histoire de 4 garçons de Liverpool réunis pour créer un groupe, petit à petit , dans les dernières émissions on commençait à expliquer l’impact social des Beatles. J’ai ensuite décidé de créer une association Le Club des 4 de Liverpool ,qui, au travers d’un magazine luxueux et d’actions continues , était devenue une sorte d’AFP des Beatles. Alors que j’étais encore au lycée le matin et en début d’ après -midi, je partais vers 17 heures en direction des Champs Elysées en métro pour échanger avec le chroniqueur d’Europe 1 puis ensuite j’allais rencontrer le PDG de Pathé Marconi . J’étais déjà dans un parcours d’adulte qui vivait quelque chose d ‘extraordinaire.
Il y a dans votre collection une très belle photo de vous avec George Harrison…
J ‘ai rencontré George, Ringo, Paul et Yoko mais malheureusement jamais John Lennon.Il se trouve que j’ai eu le bonheur d’être à New York en 1980 un mois avant sa mort , j’habitais à 3 pâtés de maisons du Dakota house où je lui ai laissé ma carte alors qu’il était en promo pour son album Double Fantasy malheureusement un mois après on apprenait son assassinat.
Yoko connaissait mon existence notamment lorsqu’elle était venue promouvoir son album Season of glass à Paris et m’envoyait régulièrement des cartes de vœux.
N’y aura- t -il pas un vide dans votre vie après la vente chez Drouot ?
J’ai mes bouquins dans le couloir, mes vinyls,mes photos dans des classeurs, ça ne change rien, je continue à vivre normalement au fil des mois. Quand je passe au crible ma collection c’est avant tout pour des raisons professionnelles,avec pour objectif de faire un livre par exemple..
Ma collection ressemble à une plante qui prendrait mon espace vital, m ’empêchant de respirer au sens premier du mot , me coûtant de l’argent, surtout quand il a fallu que j’entrepose 70 mètres cubes d’objets avec un loyer mensuel. La question que je me posais dans mon dernier livre Beatles Collector étant de savoir si je possédais cette collection ou bien si c’était elle qui me possédait … On connaît la réponse ! Cet ensemble de souvenirs ne me suivra pas dans ma tombe…Si je peux transmettre le plaisir que j’ai eu à profiter de tous ces objets à d’autres personnes qui aiment les Beatles autant que moi et bien je continuerai à donner vie à cette collection! Voir mes archives dans un garde-meuble c’est un peu comme les mettre dans un corbillard…
J’aimerai toujours autant les Beatles et je continuerai à faire des émissions de radio, et à promouvoir le groupe à travers des livres…
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