Samiro Yunoki, plasticien de souche Tokyoïte, partage une oeuvre étonnamment jeune et colorée avec le public du Musée Guimet jusqu’ au 12 Janvier prochain.
Dans la grisaille de l’hiver, une visite de ses 72 oeuvres textiles offertes au musée national des arts asiatiques-Guimet de Paris en 2009, vous fera découvrir la tradition du courant MINGEI, véritable «art populaire» japonais né à Kurashiki. Ce courant a vu le jour dans les années 1950 après la seconde guerre mondiale, mettant en avant l’aspect non seulement esthétique mais surtout fonctionnel des objets.
L’artiste Yunoki nous communique sa vision de la beauté de l’ordinaire qui nous entoure avec une simplicité et un art épuré. Il va rechercher et retravailler des habits traditionnels au niveau des motifs.
Il rejoindra le musée OHARA de Kurashiki où il va se rapprocher des oeuvres de Matisse, Kandinsky ou encore de celles de Miro. Ce lieu fut le premier au Japon à présenter l‘art occidental.
©RMN-Grand Palais-Thierry Olivier
Yunoki va peu à peu créer et réinterpréter l’art MINGEI en associant textiles et sculptures.
Peu à peu l’artiste s’attachera particulièrement à l‘art textile et aux techniques de teintures, devenant un élève assidu du peintre SERIZAWA. Matière, couleurs associés génèrent une création.
L’art du pochoir
On l’appelle KATAZOME, de «kata» la forme et «zome» la couleur qui consiste en une teinture par réserve au pochoir. Celui-ci est fabriqué à base d’écorce de mûrier. Le tissu utilisé par Yunoki est essentiellement du coton brut, non traité. La fibre est étendue sur des planches de bois et de la colle de riz est étalée avec une spatule en bois à travers le pochoir. La teinture, elle, est appliquée au pinceau.
Yunoki a beaucoup travaillé sur des matières brutes et principalement sur du coton non blanchi ainsi que sur des vêtements de travail et des kimonos avec la couleur indigo. C’est une des teintes les plus appréciées qui se marie très bien avec le coton apparu au XIIIème siècle au Japon. Le Kimono a permis à Yunoki d’utiliser l‘art dans son aspect tridimensionnel.
Il y a deux types d’indigo dont la renouée des teinturiers qui est l’indigo Haï introduit au Japon après avoir transité en Inde. L’indigo est la seule couleur que l‘on applique sans mordant (sels fixants).
© RMN-Grand Palais-Thierry Olivier
La mode française a beaucoup analysé le Japon dans ses décors et dans son approche du costume. On peut faire un parallèle entre l’univers de Sonia Delaunay par exemple et le travail de Yunoki dans le traitement de ses motifs.
L’art du pochoir de Yunoki met en avant le culte de l’imparfait, mêlant Japon traditionnel et formes géométriques.
Cette exposition est résolument un éclat de jeunesse qui nous est offert par un artiste nonagénaire étonnant.
©RMN-Grand Palais-Thierry Olivier
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