Vous aurez jusqu’à ce week-end pour aller voir une formidable rétrospective sur l’histoire de la photographie visitée par l’objectif des femmes. Qui a peur des femmes photographes est organisée en deux temps, des années 1839 à 1919 au Musée de l’ Orangerie, et la période 1918 à 1945 au Musée d’Orsay.
Cette rétrospective confirme combien le monde masculin qui s’accaparait depuis longtemps l’exclusivité de certaines fonctions allait être confronté à une voie d’émancipation progressive de la femme, à travers la politique et l’accès à certains métiers, jusque là réservés exclusivement aux hommes. La photographie devait devenir un médium influent dans leur quotidien tant intime que public.
Des pionnières britanniques
Les prémices de cette nouvelle activité se traduiront par diverses expérimentations réservées à des femmes de milieux très aisés. Durant l’ ère victorienne, la princesse de Galles, épouse, d’Edouard VII s’adonnera aux photo collages, notamment pour décorer les albums de famille.
La Grande Bretagne était alors le berceau de cette pratique amateur, associée aux autres activités en vogue telles que le jardinage ou l’aquarelle. L’exploration chimique de la photographie se répandit également grâce au procédé du cyanotype ( négatif monochrome de couleur bleu de Prusse) à base de sels ferriques ( fixant l’ image) du chimiste et physicien John Herschel.
En 1853 les « Ladies » sont officiellement acceptées au sein de la Photographic society.
Mais toutes ces femmes reléguées au départ à des fonctions de laborantines ne viennent pas toutes de milieux favorisés ou veulent échapper au joug financier de leurs maris. Elles cherchent à assurer leurs propres revenus et deviennent portraitistes d’enfants, glorifiant ainsi les sentiments maternels et le charme de l’enfance ou encore mettant en scène des personnalités influentes de la société.
Julia Margaret Cameron sera une figure de proue en la matière, son approche sera notamment très influencée par la peinture préraphaelite.
Place aux autoportraits et au photoreportage
C’est à partir des années 1920 qu’apparurent en France des questionnements identitaires liés au genre, la photographie commence alors à présenter des auto portraits , des personnages féminins travestis en hommes.
L’américaine Margaret Bourke-White, compagne du photographe Edward Weston, affirmera son identité professionnelle grâce à la réalisation de son autoportrait. Le temps de l’exploration identitaire a trouvé sa place se détachant des rôles traditionnellement réservés à la femme.On assiste à l’éclosion d’un genre photographique érotique avec des signatures d’artistes telles que Ruth Bernhard ou encore la danoise Mary Willumsen .
Dans les années 30 , le photoreportage sera l’expression d’une liberté quasi totale de la photographie avec l’émergence de contributions pour des magazines tels que Vogue ou Life Magazine. Germain Krull, figure de l’avant -garde s’installera à Paris en 1926 où elle commencera par la photo de mode dans le studio de Sonia Delaunay , son esprit rebel sera vite remarqué et elle intègrera l’Agence VU dès sa création en 1928 ,documentant la vie sociale et la condition féminine.La technique à main levée, permet au photographe de saisir des instantanés.
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