LA TRAVERSEE
de Mathieu Pernot
Dans une rétrospective au Musée du Jeu de Paume éclairant 20 ans du travail de Mathieu Pernot, diverses histoires nous sont racontées dans leur chronologie comme celle de cette famille tsigane que le photographe a suivie de 1995 à 2013. L’artiste s’attache et restitue dans cette exposition, différentes quêtes identitaires, évoquant la migration, l’enfermement, nous livrant des destins qui s’entrechoquent .
Des formes drapées d’anonymat, à l’inquiétante immobilité, couchées sur les pavés du 10ème arrondissement, témoignent de la migration Afgane,des barres de HLM se fissurant et se brisant au sol dans un nuage de poussière endeuillent la banlieue de Mantes- la- Jolie.
La photographie de Mathieu Pernot observe avec le regard d’un documentariste. Le ton épuré et la rigueur simple des cadres contribuent à la violence frontale à laquelle le public est confronté.
D’une salle à l’autre, l’artiste développe ses univers à la façon d’une narration parfois expérimentale (série Photomatons) ou fragmentée autour d’un même sujet (série Les Hurleurs) ,s’appuyant également sur des documents d’archives ( Archives Départementales des Bouches du Rhône) où un fond sonore restitue la parole des opprimés parqués dans des camps d’internement .
Marie Louise Duvil/ 1999- série un camp pour les bohémiens 1998-1999
Pernot attrape ses interlocuteurs par la main, accompagnant leur destin grâce au médium photographique. Il invite les enfants tsiganes qu’il portraite à expérimenter la forme normative d’un photomaton qui devait servir au départ à des formalités administratives.
La cabine devient alors un jeu, un défi à l’objectif et à l’enfermement.
Le photographe suivra ces mêmes enfants, grandis et mûris par l‘absence du père emprisonné: ils deviendront « hurleurs» au pied des murs imprenables de la prison.
«Jonathan»/ série « Les hurleurs» 2001-2004
La magnifique série couleur « Feu» nous entraîne dans un rituel dédié aux morts: ici on brûle la caravane du défunt et on la regarde se consumer à la lueur rougeoyante des flammes dévorantes.Entre la caravane désossée et les barres de béton qui s’abîment au sol,la tragédie silencieuse est percutante.
« Mickael -2013-série LE FEU
THE PLACE WE LIVE
de Robert Adams
Eglise méthodiste,Bowen,Colorado 1965.
Cette deuxième exposition du Jeu de Paume guide le spectateur le long d’un parcours de photos noir et blanc au format beaucoup plus intimiste. Les images sont accompagnées de textes courts écrits de la main de Robert Adams. L’artiste né à Orange dans le New Jersey en 1937 a vécu plus de 30 ans dans l’ouest américain du Colorado.
Il nous propose ici la vision tragique de la relation entre la nature et l’homme qui s’est altérée au fil du temps: la petite église de bois érigée par les premiers colons fait place à la violence dévastatrice de la pollution.
Dans ces photos l’homme est isolé, perdu dans l’immensité de l’ouest américain faisant référence aux toiles de Hopper.
Eden-Colorado 1968.
A travers son objectif, Adams nous invite à faire le constat de la main de l’homme sur son environnement.Les 250 tirages présentés au Jeu de Paume restituent les contradictions de la société moderne des Etats-Unis.
Colorado Springs 1968.
Jusqu’au 18 Mai 2014
Mathieu Pernot et Robert Adams
Jeu de Paume
1 Place de la Concorde
75008 Paris
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