C’est au coeur de la Cité Médiévale de Montluçon, dans les anciens hôtels particuliers Méchain et Charnisay, que le MuPop , musée des musiques populaires a vu le jour en 2013. Cet espace interactif, proposant un remarquable parcours sonore, recense sur 3 300 mètres carrés pas moins de 200 ans de musique populaire du 18 ème siècle jusqu’aux années 1990. Les collections du MuPop réunissent par ailleurs 3500 instruments.
Façade du MuPop ©LABOKREA
Les origines de la collection
Une collection de vielles à roue est tout d’abord conservé au sein du château des Ducs de Bourgogne dans la Cité médiévale sous l’égide de Jean Favière, conservateur des lieux durant les années 1960. Grâce à de nombreux dons la collection ne cessera de grandir avec d’autres instruments traditionnels tels que la cornemuse. Le champs d’exploration instrumental va alors s’élargir, englobant également les musiques électroniques contemporaines. Les lieux devenant étriqués, ce nouveau parcours instrumental , couvrant désormais la période du 19 ème jusqu’aux années 90, va trouver un nouvel écrin en 2013: le MuPop.
Vielle à roue© LABOKREA
Un nouveau musée interactif
Deux parcours sont proposés au sein des collections permanentes. Le premier itinéraire, musical, est lié a l’histoire des musiques populaires retraçant une période de 200 ans. Il est prolongé par un second parcours instrumental s’étendant à travers l’histoire de la création de la vielle (dont le MuPop possède 34 spécimens rares) jusqu’à la guitare électrique. L’originalité du musée réside dans son interactivité. Le public est invité à porter un casque le reliant successivement à 200 différents points d’écoute.
Le voyage sonore pourra ainsi commencer entre musiques rurales, musette, rock, jazz et Pop music ! Ce bel espace s’est vu conférer le label Musée de France et a été conçu par l’architecte Philippe Tixier ainsi que de l’architecte du patrimoine et ingénieur Philippe Morel et du scénographe Pascal Payeur.
Collection de vielles à roue© LABOKREA
Le Parcours musical
Une première salle évoque le monde rural représentant la France avant la révolution industrielle. Les 4 saisons y sont déclinées dans différentes vitrines valorisant des tableaux et divers instruments pour le moins insolites. On passe de l’épinette des Vosges au tambour du Béarn puis au tambourin provençal et bien sûr aux différentes cornemuses. Chaque région est marquée par sa propre identité sonore et instrumentale. La transmission du monde rural était orale, les gens chantaient énormément à l’occasion des naissances, des différentes fêtes mais aussi durant le travail dans les champs.Quand on n’avait pas d’argent pour faire venir un ménétrier ( violoniste de village) lors d’une fête populaire, on chantait et dansait tout naturellement:
« On danse à toutes les foires ; on danse dans toutes les fermes (…) On danse partout où quelque travail extraordinaire réunit les jeunes gens ». (Loire,1810). Des colporteurs allaient de village en village, distribuant des chansons imprimées.
Vue panoramique de la salle du monde rural avec cloche au centre© DR
Monde rural© LABOKREA
L’arrivée des fanfares
À l’inverse des musiques rurales où la transmission se faisait spontanément des fanfares issues de la révolution industrielle et de la République triomphante de la fin du 19e siècle, vont permettre d’apprendre à jouer d’un instrument selon les principes de la musique savante.
L’accessibilité à cet apprentissage s’applique également dans le monde de gens de différentes conditions qu’ils soient ouvriers ou paysans. Le tableau La fanfare de Bois-Le-Roi, du peintre Jean-Antoine Bail, accroché dans la salle des fanfares du MuPop, illustre parfaitement cette époque où la pratique de la musique collective était un véritable ascenseur social. On peut y découvrir également le basson russe en forme de serpent ainsi qu’ un médailler avec des palmes académiques instaurées grâce à l’organisation de concours. En 1900, juste avant la première guerre mondiale, on comptait pas moins de 10 000 fanfares. Cette période de l’histoire favorisa la fabrication de masse des instruments.
Tableau « La fanfare de Bois-Le-Roi » du peintre Jean-Antoine Bail © DR
Vue générale de la salle des fanfares© LABOKREA
Les Auvergnats de Paris, instigateurs des » tours de danse »
La musette était une sorte de cornemuse, surnommée » cabrette » et utilisée dans les tours de danse organisés par les auvergnats, propriétaires de cafés à Paris dans les années 1880. Chaque client » passait la monnaie » en payant son tour de danse avec des jetons dédiés à cette activité ludique.
À cette même époque se développent les guinguettes et les bals musette faisant découvrir aux français le monde des loisirs et de la fête collective. Il faudra attendre le 19ème siècle pour les voir se développer, autant dans les faubourgs de la capitale française qu’à sa périphérie (Belleville, Montmartre, Ménilmontant, …). Différents films sont projetés sur une toile au sein du musée . Quand la lumière se rallume on peut découvrir un authentique parquet de bal mobile datant de 1948 présentant notamment des instruments variés dont le fameux » piano à bretelles ». Le parquet de bal exposé était une structure démontable utilisée pour des noces, banquets et foires. Elle était déplacée avec une carriole jusque dans les années 1968.
Parquet de bal© Ville de Montluçon
Vitrines d’accordéons© Ville de Montluçon
Salle de bal ,affiches©LABOKREA
L’accordéon fut progressivement introduit dans ces bals par les immigrés italiens , accompagnant d’abord la cabrette avant de devenir à lui tout seul le roi du bal musette. Dès lors le répertoire musical s’enrichit considérablement. Les parquets de bal étaient mobiles et transportés dans les campagnes les plus reculées pour le plaisir de tous. C’était souvent les musiciens, eux -même qui les installaient.
Le MuPop présente un orgue de barbarie, instrument devenu extrêmement populaire au 19 ème siècle . On s’en servait dans les manèges. Afin d’intéragir de façon conviviale avec le public, une démonstration est réalisée au Mupop lors des visites guidées avec des cartons perforés reprenant la célèbre chanson de Georges Brassens Pour l’auvergnat . Des soufflets activent les tuyaux avec une grille de lecture lorsque l’on tourne une manivelle.
Le Parcours instrumental du MuPop
Les visiteurs découvriront une très belle collection de vielles à roue au dernier étage du musée ainsi que la reconstitution d’un atelier de luthier situé à Jenzat près de Vichy. La vielle à roue, très ancienne, figurait déjà dans les monastères au XII ème siècle et n’a pas cessé d’évoluer dans le temps jusqu’à être utilisée de nos jours sous une forme électro-acoustique.
Le MuPop, au gré de ce parcours instrumental, nous fait faire un bond prodigieux en avant en nous plongeant dans les années 1960 avec des instruments électro amplifiés. L’aspect de la guitare ( déjà très populaire au 16ème siècle!) change considérablement durant les années 50 et 60.
Showroom guitares© Ville de Montluçon
Le virage aux instruments électriques des années 1960
Cette section du MuPop, est une réplique à plus petite échelle du célèbre musée de Cleveland Rock and Roll Hall of Fame and Museum, véritable panthéon du Rock américain. On y trouve bon nombre d’archives, de collections d’objets et de guitares.
La guitare Stratocaster, créée à l’origine par la marque Fender dans les années 1954, reste le modèle le plus courant. Son intérêt principal réside dans sa grande polyvalence, grâce à ces trois micros. La « Strato » est LA guitare la plus répandue… toutes les marques s’en sont inspirées ! On l’utilisera beaucoup dans l’univers du Blues et de la musique Folk.La Stratocaster a largement participé à l’évolution de la musique populaire occidentale.
La guitare Royale, modèle de 1957, issu des ateliers Jacobacci, est adoptée aussi bien par les professionnels que par les jeunes rockers du début des années 60. Elle sera vite détrônée par les guitares électriques solid body qui se populariseront en France à partir de 1961.Les guitares se gagnaient souvent dans les fêtes foraines.
Un mur de guitares présente différents modèles de guitares électrique des années 60. Les guitares se gagnaient souvent dans les fêtes foraines.
Grâce à un prêt du Mucem de Marseille, le MuPop a pu reconstituer l’ambiance du Golf Drouot, temple du rock français et lieu découvreur de jeunes talents amateurs. Par ailleurs le musée présente un scopitone inspiré d’un original des années 60 qui est en quelque sorte un jukebox présentant des petits films promotionnels d’artistes en vogue. Claude Lelouch en a signé bon nombre. cette nouveauté révolutionna le monde de la musique.
reconstitution d’un scopitone©LABOKREA
Reconstitution du Golf Drouot
La salle de la Pop expérience
Un mur de d’une centaine de pochettes de vinyls 33 tours nous accueille dans cette salle. De véritables oeuvres d’art comme celle d’Andy Warhol pour le Velvet Underground ou encore les pochettes iconiques de Santana et de Miles Davies y sont visibles. Dans les années 65 ,on assiste au temps des festivals tels que Woodstock, Monterey ou des concerts au Madison square garden . Une projection en boucle nous fait revivre ces grands moments avec Janis Jopplin ou encore Jimmy Hendrix.
Mur de vinyls© LABOKREA
Salle Pop Expérience© LABOKREA
La salle des années 80-90
Les costumes et la batterie du compositeur Marc Cerrone nous y accueillent ainsi que des platines de DJ de rap. Les années 80 sont celles de la révolte des jeunes et l’apparition du mouvement punk.
salle de répétition © LABOKREA
Le hard rock a également sa place ici avec la fameuse guitare de Nono du groupe Trust!
Cette visite du MuPop nous aura emmené de la musique régionaliste à sa mondialisation avec de jolies expériences interactives!
Au fil des lieux vous recommande cette visite pour petits et grands qui ravira vos oreilles.
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Informations pratiques
MUPOP
3 rue Notre Dame 03100 Montluçon
Tel:04 70 02 19 62
À 10 minutes à pied de la gare de Montluçon.
Horaires d’hiver :
Du mardi au dimanche
10h – 17h du 1er septembre au 31 mars
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Remerciements à Mélanie Jouhanin et ses médiatrices Elodie et Anaïs.
Droits réservés © Textes et enregistrements sonores- Aufil des lieux
© Photos MuPop, Ville de Montluçon & Labokrea
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