Les jardins Zen d’Erik Borja…
Je referme ma série d’articles relatifs au Japon par ma récente visite des merveilleux jardins Zen d’Erik Borja à Beaumont-Monteux tout près de Romans dans la Drôme provençale. Après la découverte du Reïki, ceux qui voudront poursuivre leur quête d’harmonie et de sérénité ne manqueront pas la visite de cet espace zen de près de 3 hectares, organisé en six jardins: jardin d’accueil, de méditation, de thé, méditerranéen, de promenade et du dragon…
Erik Borja, plasticien et sculpteur, a conçu l’orientation de ces jardins selon le principe du Feng Shui qui repose sur la libre circulation de l’énergie vitale. Ici minéral, végétal et éléments aquatiques sont réunis selon la tradition des moines jardiniers du Japon. C’est en quelque sorte l’allégorie du corps humain où la pierre serait le squelette, l’eau notre sang et le végétal notre peau. La découverte des jardins Ryoan-ji à Kyoto contribua dès 1973 à la patiente élaboration par Erik Borja de cet espace zen adossé à l’ancienne bergerie familiale. Ici pour le promeneur c’est une contemplation poétique qui s’attarde le long d’une déambulation nonchalante au milieu d’une oeuvre éphémère qui sera refaçonnée jour après jour grâce au travail sans relâche des deux jardiniers Loïc Belviso et Olivier Chardon.
Les moines japonais rapportèrent de Chine et de Corée des conceptions nouvelles. Les jardins d’agrément japonais qui jusque là comportaient des pièces d’eau sur lesquels on pouvait se laisser glisser furent remplacés par un paysage sec ou «karesansui». Ses dimensions sont réduites et on le contemple depuis le porche d’un temple ou la véranda d’une maison. Cet espace dédié à la méditation est composé de rochers, de gravier ratissé et de mousse.
C’est Muso Kokushi 夢窓国師, moine tourné vers le bouddhisme zen Rinzai qui conçut les premiers jardins zen au XIII ème siècle.Il était également calligraphe et paysagiste.
Dans la conception de ce nouveau genre d’espace, le choix des pierres est déterminant. Au Japon, elles sont parfois déplacées sur des distances de plus de 100 kilomètres et on les accompagne souvent en jouant de la musique pour ne pas contrarier l’esprit des entités divines du shinto qui les habite. L’emplacement des pierres a une symbolique cosmique et s’il s’avérait peu harmonieux il est dit qu’il entraîne mauvaise fortune et maladie !
Le Niwaki ou l’art de la taille en nuage….
En me rendant à quelques kilomètres de Romans à St Mamans, au pied du massif du Vercors, j’ai pu assister à la pratique de la taille en nuage avec Christian Coureau . Ce dernier a suivi la trace d’Erik Borja pendant une dizaine d’années en travaillant comme assistant. Depuis, Christian a créé sa propre pépinière et propose des stages. Le Niwaki ou art de la taille en nuage est ancestral au Japon mais également en Corée et en Chine. Cet art millénaire traduit la fusion entre l’homme et la nature ainsi que son respect profond. C’est le fondemant de la philosophie shintoïste.
Christian a une expérience de 22 ans de taille en nuage et avec beaucoup d’humilité confie qu’il lui manque encore de nombreuses années d’expertise dans cet art. Au petit matin, avec en toile de fond les Monts du Matin qui délimitent le Vercors, Christian s’adresse à son petit groupe de stagiaires et souligne en préambule que «c’est grâce à l’observation et à un premier travail de reconnaissance visuelle que va commencer la taille pour faire de l’arbre une sculpture vivante…»
On compare souvent l’apparence des arbres à la peinture chinoise car chaque mouvement de branche, qu’il soit torturé ou élancé s’assimile à une calligraphie. Durant ma journée d’observation de ce stage j’ai réalisé que l’état «contemplatif» était indispensable ! Christian nous expliquera que tous les arbres ne sont pas éligibles à la taille. Le sujet le plus adapté est le genévrier ou Junipérus ainsi que le pin. La taille se fera prioritairement au printemps ou à l’automne.
0 commentaires