Kimono au Musée du Quai Branly, est une formidable exposition présentée jusqu’au 28 Mai 2023, retraçant l’histoire d’un vêtement emblématique et ritualisé depuis l’époque Edo au Japon (17 è siècle). Le parcours, jalonné de plus de 200 kimonos, démontre que cette tradition vestimentaire a grandement influencé l’Europe ainsi que le monde de la mode et de l’univers cinématographique. Le terme kimono signifie la chose que l’on porte sur soi , son existence remonte à plus d’un millénaire. L’exposition a été conçue par le Victoria and Albert Museum de Londres et s’attache à l’histoire d’une tenue emblématique, intimement liée à celle du Japon. Le kimono est décliné sous toutes ses coutures à travers les siècles et les continents.
Affiche de l’exposition Kimono © DR Musée du quai Branly- Jacques Chirac
Le Kimono au Japon
C’est durant l’ère EDO, entre 1603 et 1868 que le Japon connaît une incroyable expansion économique et urbaine. La ville de Kyoto devient un centre important pour son dynamisme créatif, c’est effectivement là que sont fabriqués les plus beaux kimonos. Mais c’est à Edo ( l’actuelle ville de Tokyo) que le bouillonnement culturel et social prennent place, là précisément où s’installe le shogun ( dirigeant militaire du pays). Les classes sociales les plus aisées veulent désormais afficher leur statut à travers la mode vestimentaire. Une nouvelle opportunité commerciale s’annonce pour les fabricants et les distributeurs de kimonos sans oublier les imprimeurs d’estampes. Le monde de l’ ukiyo ( ce que l’on appelle le monde flottant) va primer, mêlant le raffinement et l’érotisme. Tout un réseau d’artisans va mettre à disposition son savoir-faire: créateurs, tisseurs ou encore teinturiers. Les estampes polychromes font la publicité des marchands de kimonos à Edo et deviennent de véritables sources d’inspiration. Les acteurs et les courtisanes sont les icônes de mode de l’époque.
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Cérémonie de l’ironashi ( « changement de couleur ») pour une jeune mariée. estampe polychrome de Utagawa Kuniyoshi(1798-1861)© Photo K.Hibbs
Les femmes de haut rang de la classe des samouraïs suivent des codes vestimentaires précis. Les kimonos traditionnels qu’elles revêtent pour les festivals sont ornés de fleurs ainsi que d’autres motifs sur fond blanc ou rouge. Les kimonos sont attachés autour de la taille par un obi (ceinture). Cet accessoire, avec le temps, devient de plus en plus large et est généralement brodé. L’artiste Teisai Hokuba était célèbre pour ses représentations détaillées de kimonos. La femme, ci-dessous, incarne l’élégance du 19 è siècle. Son obi est noué avec sophistication autour de son kimono et ses cheveux sont coiffées d’un chignon avec un peigne et des pics.
Geisha marchant au long de l’eau- rouleau suspendu , encre et couleurs sur soie de Teisai Hokuba(1771-1844)© Photo K.HIBBS
Au-delà de l’élégance des tenues, les soins de beauté faisaient partie intégrante des éléments de mode indispensables. Des miroirs en cuivre recouverts d’étain étaient tenus à la main, et souvent pliables pour être transportés. Les femmes de la haute société conservaient leurs effets dans des boîtes en laque contenant des peignes à cheveux ainsi que des pinceaux de maquillage. Les hommes avaient également leurs objets usuels accrochés à leur obi ( ceinture) car les kimonos ne comportaient pas de poches. Les inro étaient de petites boîtes compartimentées qui contenaient soit un sceau ou des médicaments. Peu à peu ces objets fonctionnels devinrent de vrais accessoires de mode.
Miroir à décor doré sur laque noire , pinceaux de maquillage et peigne à cheveux- Donation Eleanor Watts (1898) © Photo K.Hibbs
Femme observant son reflet dans un miroir tenu à la main(1867) Tirage sur papier albumine -Photo de Felice Beato (1832-1909)
Le Kimono à l’époque Edo (1603-1868)
Durant la majeure partie de la période Edo, le Japon va se replier sur lui-même, restreignant ses rapports avec l’international. La Compagnie néerlandaise des Indes orientales sera la seule à maintenir des échanges commerciaux avec le Japon. Elle y introduira des étoffes, surtout du coton, tout en exportant des kimonos en Europe. Les cotons aux motifs colorés d’Asie du Sud et du Sud-Est appelés arasa, connaitront un franc succès. Les marchands néerlandais ( surnommés « komojin » ou hommes roux par les japonais) popularisent les tenues du shogun et des daimyo ( seigneurs). Ils en modifient légèrement les caractéristiques pour les adapter au goût européen. On assiste à la naissance de la » robe de chambre » portée en intérieur de manière informelle pour recevoir des invités. À la fin du 19 è, le Japon s’ouvrira de nouveau au mondain en dynamisant ses ports de commerce. Le kimono va conquérir le monde entier les Japonais vont réaliser des modèles exclusivement réservés à l’exportation. Dès le début du 20è le kimono aura une influence majeure sur les créateurs européens, l’ère de la mode japonisante est lancée.
Kimono-robe de chambre en coton © Photo K.Hibbs
Veste et short de style kimono par Akira Isogawa ( né en1964), créateur de mode à Sydney.© Photo K.Hibbs
Les affiches publicitaires du 20 è siècle au Japon
Les fabricants de textile et les grands magasins japonais utilisent l’image des célébrités pour promouvoir les dernières créations de kimonos. L’actrice Mizutani Yaeko contribuera à ces promotions. Sur l’affiche datant de 1935 ci-dessous l’actrice porte un vêtement créé par Isesaki à motif d’eau agrandi et devenu abstrait.
Affiche pour kimonod’Isekaki( 1935-Japon) © Photo K .Hibbs
Le Kimono influence l’univers cinématographique
L’exposition Kimono au Musée du Quai Branly présente un costume de Star Wars issu de l’épisode 3 » La revanche des Sith » prêté par le Lucas Muséum of narrative Art.La robe créée par la costumière Trisha Biggar comporte de longues manches et une ceinture nouée à la taille. La robe se ferme à la japonaise, côté gauche sur côté droit. Elle incarne le personnage de la reine Apallana interprété dans le film par l’actrice néo-zélandaise Keisha Castle-Hugues.
Star Wars Queen Apailana costume by Trisha Biggar©Lucas Museum of Narrative Art© Photo Victoria and Albert Museum London
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Du 22/11/2022 au 28/05/2023
KIMONO
Musée du quai Branly-Jacques Chirac
37 Quai Branly, 75007 Paris
Musée ouvert de 10:30 à 19:00
Ligne 9 : Alma-Marceau ou Iéna
Ligne 8 : Ecole Militaire
Ligne 6 : Bir Hakeim
RER C : Pont de l’Alma ou Champ de Mars Tour Eiffel
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