Graciela Iturbide à la Fondation Cartier

par | Mar 27, 2022 | Expositions

L’exposition Heliotropo 37 de la photographe mexicaine Graciela Iturbide à la Fondation Cartier nous ouvre les portes de son univers avec plus de 200 images. L’oeuvre de cette portraitiste-humaniste nous est partagée depuis les années 1970 jusqu’à aujourd’hui. Celle qui fut une grande admiratrice du travail de Manuel Bravo accompagna son mentor, rencontré lors de ses études de cinéma, dans de nombreux voyages au Mexique. De cette complicité, la photographe gardera le goût et le talent pour les nombreux portraits qu’elle réalisera dans le désert de Sonora ( dans le nord-ouest du Mexique) et au sein de la culture zapotèque dans la région de Oaxaca (dans le sud-est du Mexique). Successivement lauréate du prestigieux prix W.Eugène Smith en 1987 puis du prix Hasselblad en 2008, Graciela Iturbide représente l’élite de la photographie latino-américaine contemporaine. Discrète et presque invisible, elle s’est toujours employée à immortaliser aussi bien les paysages et les objets que des portraits dans les différentes communautés du Mexique et ailleurs de par le monde:

« Partir avec mon appareil, observer, saisir la partie la plus mythique de l’homme, puis pénétrer dans l’obscurité, développer, choisir le symbolique… Finalement, la photographie est un rituel pour moi. »

 

 

Graciela Iturbide à la Fondation Cartier/aufildeslieux.fr/© Graciela Iturbide- La fête des morts- Chalma-Mexique

© Graciela Iturbide- La fête des morts- Chalma-Mexique

 

Un parcours à travers sa terre natale

Aînée d’une famille de 13 enfants, la photographe grandira au rythme des fêtes populaires mexicaines ainsi qu’à celui de divers rituels religieux. Graciela Iturbide a 11 ans lorsque son père lui offre son premier appareil photo.

Adulte, elle sera profondément marquée par le décès de sa fillette de 6 ans et s’immergera totalement durant 5 ans dans sa série sur les angelitos, enfants mexicains décédés prématurément.

 

 

« Lorsque j’ai perdu ma fille Claudia en 1970, j’ai été obsédée par la nécessité de photographier la mort, surtout celle des enfants habillés en anges, comme le veut la coutume au Mexique, peut-être pour soulager ma propre peine. »

 

 

 

Graciela Iturbide à la Fondation Cartier/aufildeslieux.fr/© Graciela Iturbide-Desierto de Sonora , México, 1979, Tirage gélatino-argentique

© Graciela Iturbide-Desierto de Sonora , México, 1979, Tirage gélatino-argentique

 

En 1978 Graciela sera en charge de photographier les populations indigènes du Mexique, commanditée par les Archives ethnographiques de l’Institut national indigène de Mexico avec 3 autres photographes. Cette mission donnera lieu à la parution du livreLos que vivent en la Arena, un reportage réalisé au sein de la communauté Seri  désert de Sonora.

 

 

 

« Avec les Indiens Seris du désert de Sonora,
la plupart de mes travaux étaient des portraits car leur vie quotidienne est très réduite. Les hommes vont à la pêche, ils font des sculptures ; les femmes ramassent des coquillages et confectionnent
des colliers, leur vie est très austère. »

 

 

 

 Graciela Iturbide à la Fondation Cartier/aufildeslieux.fr/© Graciela Iturbide-La niña del peine, Juchitán, Oaxaca, 1979, Tirage gélatino-argentique

© Graciela Iturbide-La niña del peine, Juchitán, Oaxaca, 1979, Tirage gélatino-argentique

 

 

 Graciela Iturbide à la Fondation Cartier/aufildeslieux.fr/© Graciela Iturbide-Nuestra Señora de las Iguanas, Juchitán, Oaxaca, 1979, Tirage gélatino-argentique

© Graciela Iturbide-Nuestra Señora de las Iguanas, Juchitán, Oaxaca, 1979, Tirage gélatino-argentique

 

En 1982 Graciela exposera pour la première fois à Paris au Centre Pompidou. Les photos présentées y seront essentiellement dédiées à sa série Juchitán de las mujeres (1979-1989). Durant une dizaine d’année, soutenue par Francisco Toledo, un artiste local de la région de Oaxaca, la photographe s’immergera dans la communauté zapotèque.

 

Un intérêt pour les communautés mexicaines marginalisées des États-Unis

L’ouvrage A Day in the life of America, piloté par Rick Smolan et David Elliot Cohen fera appel à 200 photo reporters internationaux pour livrer leur interprétation de la vie aux États-Unis. Graciela Iturbide s’intéressera aux Cholos et plus particulièrement au gang du White Fence de Boyle Heights, un groupe de sourds-muets dans l’est de Los Angeles. La photographe s’attachera à la marginalisation de cette communauté d’immigrés et à son quotidien. En 2019 le Museum of Fine Art de Boston organisera l’exposition Graciela Iturbide’s Mexico, réunissant ses différentes séries  sur les communautés indigènes et les rituels mexicains.

 

 

 

 

 Graciela Iturbide à la Fondation Cartier/aufildeslieux.fr/Cristina tomando fotos, White Fence, East LA, Estados Unidos-1986© Graciela Iturbide

Cristina tomando fotos, White Fence, East LA, Estados Unidos-1986© Graciela Iturbide

 

Heliotropo 37

Le titre de l’exposition présentée jusqu’au 29 Mai prochain à la Fondation Cartier fait référence à son studio situé dans le quartier de Coyoacàn à Mexico qui représente l’univers intime et de création de la photographe mexicaine. Ce lieu architectural hors du commun, avec de multiples percées de lumière, a été conçu par le fils de Graciela Iturbide, l’architecte Mauricio Rocha. Mauricio sera invité par la Fondation Cartier à  réaliser la scénographie de l’exposition.

 

     Un attachement progressif aux paysages sans présence humaine

Au rez-de-chaussée de la Fondation Cartier le public pourra parcourir le travail photographique récent de Graciela Iturbide où la présence humaine est gommée pour faire place à des grands formats texturés et composés avec de la lumière et différents matériaux. Des images nous font côtoyer un vol de nuées d’oiseaux, révélant également des vues très graphiques sur les cactus géants du jardin botanique en état de réfection à Oaxaca.

 » J’ai été fascinée par le spectacle de cette espèce d’hôpital pour cactus…Je voyais ces plantes comme des sculptures… ».

 

 

 Graciela Iturbide à la Fondation Cartier/aufildeslieux.fr/© Graciela Iturbide-Pájaros en el poste de luz, Carretera a Guanajuato, México, 1990, Tirage gélatino-argentique

© Graciela Iturbide-Pájaros en el poste de luz, Carretera a Guanajuato, México, 1990, Tirage gélatino-argentique

 

 

 Graciela Iturbide à la Fondation Cartier/aufildeslieux.fr © Graciela Iturbide-Saguaro, Desierto de Sonora, México, 1979, Tirage gélatino-argentique

© Graciela Iturbide-Saguaro, Desierto de Sonora, México, 1979, Tirage gélatino-argentique

 

 

Une série de photos en couleur très minimalistes et épurées ont été réalisées spécialement pour l’exposition à la Fondation Cartier à Tecali dans une carrière où l’on extrait et taille l’albâtre. Un petit film présente Graciela Iturbide photographiant avec son Hasselblad un gigantesque bloc de pierre blanche.

 

 Graciela Iturbide à la Fondation Cartier/aufildeslieux.fr/© Graciela Iturbide-Piedras , Tecali, Puebla, México, 2021

© Graciela Iturbide-Piedras , Tecali, Puebla, México, 2021

 

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Exposition Graciela Iturbide, Heliotropo 37
Fondation Cartier
Du 12 Février au 29 mai 2022
261 Boulevard Raspail 75014 Paris
www.fondationcartier.com
Tarif 12 euros
Tarif réduit 8 euros
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Photo en page d’accueil:
© Graciela Iturbide-Carnaval, Tlaxcala, Mexico,1974Tirage gélatino-argentique.

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