Fashion Mix

par | Mar 15, 2015 | Qui suis-je ?

Fashion Mix nous présente jusqu’au 31 Mai 2015 l’histoire de la mode vue à travers le prisme de l’immigration: on y découvrira le parcours des grandes étoiles de la mode à travers 120 modèles et 70 créateurs dont une grande partie a été prêtée par le Musée Galliera,les Archives Nationales et de Paris, des particuliers et l’OFPRA, sans oublier les collections des grandes maisons de couture. Il aura fallu deux ans pour la mise en place de cette exposition. Des recherches historiques ont permis de mettre en adéquation la mode et le parcours de ces créateurs immigrés. De grands flux migratoires ont fait se croiser le monde géopolitique et l’histoire de la Mode. 300 créateurs étrangers ont choisi Paris comme plateforme d’échange depuis le milieu du XIXème siècle jusqu’à nos jours. Le savoir-faire français a rayonné à travers des créateurs venus d’Italie, d’Espagne, d’Arménie ou encore de Russes blancs exilés après la révolution.

Tout a commencé en Angleterre…

Charles Frederick Worth fut à l’origine de la Haute Couture et de l’école anglaise. Il fut le premier à présenter ses modèles par saison sur des «sosies», nom attribué à l’époque aux modèles vivants. Il eut l’idée de signer ses créations au même titre qu’un peintre, ce qui devait devenir la fameuse griffe des grands couturiers.Worth épousera un mannequin français ce qui lui permettra d’obtenir la naturalisation française.

 

Robe de ville

Il préfigurera d’autres créateurs anglais: Vivienne Weswood, Alexander McQueen ou encore «Captain» Molyneux qui eut un rôle important dans le commerce outre atlantique notamment pour les parfums du même nom.

 

 

 

 

Les savoirs-faire autour du textile…

L’Espagnol Mariano Fortuny qui vécut à Venise fut avant tout un inventeur et déposa une centaine de brevets à Paris dont le fameux plissé Fortuny constitué de plis permanents sur de la soie obtenus grâce à un tuyautage fait avec des tubes de porcelaine chauffés. Son talent fut même reconnu dans le monde de la littérature (Proust le mentionne dans « A la recherche du temps perdu »). Fortuny déposera un brevet industriel dont on peut découvrir les croquis dans l’exposition Fashion Mix. Sa technique inspirera Issey Miyake, premier styliste japonais arrivant à Paris dans les années 70-80, qui développera également un plissé permanent pour des créations autour de la chorégraphie et de diverses performances artistiques.

 

robe longue

 

 

 

 

Dans les années 20, les Russes Blancs introduiront quant à eux, le savoir faire de la broderie. Les princes et princesses parlaient le français et Maria Pavlovna, cousine du Tsar de Russie, faisait des travaux d’aiguille pour survivre.La vente de ses travaux donna la possibilité à d’autres émigrés de venir les rejoindre en France. La Maison Kitmir fut ainsi créé et la Princesse Pavlovna reçut une médaille d’or à l’exposition des Arts décoratifs de 1924. La société de broderie verra toute sa production monopolisée par Gabrielle Chanel.

Certaines immigrations ne furent pas forcées par un destin tragique mais liées à un souhait artistique pour parfaire une culture à Paris. Ce fut le cas de Lola Prussac venue d’une famille d’industriels du textile en Pologne. Elle fut remarquée par la maison Hermès pour qui elle réalisera les premiers ensemble de sport et le fameux carré de soie… Sonia Delaunay, de la même manière, quittera son Ukraine natale pour parfaire son savoir- faire. Elle épousera Robert Delaunay.

 

Elsa Schiaparelli et les Italiens…

Cette créatrice d’origine italienne fut très proche de Dali et du mouvement surréaliste qui inspirera ses propres créations avec son rose shocking et le fameux chapeau chaussure qui bouscula les conventions de la mode des années 1930-1940. Née à Rome, elle partira à New York où elle divorcera. Elle viendra en France pour gagner sa vie et inventera le pull en trompe l’œil tricoté d’un seul tenant. Cet état d’esprit très imaginatif  l ‘encouragera à concevoir ses premiers défilés autour de la Comedia Dell’arte et du cirque. Elsa Schiaparelli entretiendra des liens étroits avec la communauté arménienne de Paris qui répondra à ses commandes en tricotant ses modèles.

 

Chapeau-chaussure

 

8 Schiaparelli - manteau © Spassky Fischer HD

 

 

Balenciaga et l’école espagnole

Cristobal Balenciaga ouvrira sa première maison de couture à San Sebastian avec sa mère. Il y aura un succès phénoménal. En 1936 la guerre civile éclate et il décide de venir s’installer à Paris à l’Elysée Hotel. Il fut un grand maître du tailleur et de la coupe.

6 Balenciaga - ensemble pois © Spassky Fischer HD

 

Autre réfugié de la guerre civile, Paco Rabanne (Francisco Rabaneda), beaucoup plus jeune que Balenciaga. A 4 ans il franchira les Pyrénées à pied avec sa mère, ses frères et sa grand- mère jusqu’à Argeles. Il sera transféré au Conquet en Bretagne en 1939 et gardera son statut de réfugié jusqu’en 1981. Il participera à la révolution des matériaux utilisant le rhodoïde et le métal, troquant la machine à coudre par la boîte à outils. Françoise Hardy deviendra son égérie en portant sa robe en plaques d’or incrustées de diamants.

Antonio del Castillo, de famille aristocratique, viendra à Paris où il sera très vite remarqué par la fille de Jeanne Lanvin dont il assurera pendant 13 ans les collections.

Antonio Castillo pseudonyme de Canovas del Castillo del Rey (1908-1984). Couturier. Dessinateur chez Chanel, R. Piguet et Paquin, puis directeur artistique de la maison Jeanne Lanvin à Paris jusqu'en 1962. Ouvre sa propre maison de couture en 1964. En pied, dans l'embrasure d'une porte, chez Lanvin

 

La suite de l’exposition se concentrera sur l’explosion de l’école japonaise et le style «post atomique » et destructuré de stylistes tels que Rei Kawakubo et Yohji Yamamoto. On y appréciera également le mouvement de l’école belge et des «6+1»: Ann Demeulemeester, Walter Van Beirendonck, Dirk Van Saene, Dirk Bikkembergs, Marina Yee, Dries Van Noten et Martin Margiela.

 

7 Margiela © Spassky Fischer

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Exposition Fashion Mix

Musée de l’Histoire de l’Immigration

293, avenue Daumesnil

75012 Paris

www.histoire-immigration.fr/infos-pratiques/tarifs

Visites guidées: 21 mars, 18 avril, 9 & 30 mai à 11h.

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