Les années 80 ont été celles d’une jeunesse insolente dansant jusqu’au bout de la nuit, insouciante et inspirée par des créateurs visionnaires tels que Claude Montana, Jean-Paul Gaultier et le Couturissime Thierry Mugler. Le monde de la mode restera à jamais imprégné de l’imaginaire singulier de cet immense créateur. L’énergie de Thierry Mugler alias Manfred servit sa créativité avant-gardiste tant dans la mode que dans la Haute-Couture, la mise en scène ou encore la création de parfums. Celui dont » les amies avaient toujours été les étoiles » depuis l’enfance avait concrétisé son rêve avec un flacon prenant forme dans une étoile bleue : » L’étoile, d’une couleur impossible à reproduire, impalpable, intouchable, évoque l’infini et le rêve… ». Inspiré par les personnages de bandes dessinées intergalactiques ou encore la faune des profondeurs marines et les bestiaires fantastiques, Mugler a véritablement mis en scène la silhouette des femmes.
L’exposition Thierry Mugler, Couturissime qui se tient jusqu’au 24 Avril au Musée des Arts Décoratifs de Paris (produite par le Musée des Beaux-arts de Montréal ) permettra au publique de jalonner dans un très beau parcours sur 2 étages, la carrière de ce styliste hors norme.
Portrait de Thierry Mugler par Dominique Issermann © K.Hibbs
Une rétrospective de l’oeuvre de 1973 à 2014
Après une immersion, très jeune, dans le monde de la danse et une collaboration avec les ballets de l’opéra national du Rhin à Strasbourg, sa ville natale, Mugler deviendra styliste à l’âge de 26 ans et créera en 1973 sa première marque » Café de Paris « . Les formes architecturées de ses vêtements aux larges épaules XXL contrastant avec une silhouette à la taille de guêpe seront bientôt les codes distinctifs de ses créations qui habilleront des icônes telles que Diana Ross, Grace Jones ou encore Boy George. Mugler ouvrira sa première boutique Place des Victoires en 1978 et se lancera très vite dans la création d’une collection pour l’homme.
Le bestiaire fantastique et la micro faune des profondeurs marines
Cette première partie de l’exposition dont Thierry-Maxime Loriot est le commissaire nous transporte dans l’universel de la collection Insectes et chimères ( 1997-1998): fourreau à traîne de velours noir flanqué d’ailes de papillon ou encore robe » créature » articulée d’écailles iridescentes où se mêlent cristaux, diamants fantaisie, plumes et crin de cheval. Le bestiaire du créateur s’articule autour des reptiles, des insectes, des papillons et des oiseaux en n’utilisant que des matières synthétiques et non animales.Thierry Mugler évoquera » la mise en scène journalière de soi-même« .
Série Profondeurs Marines© K.Hibbs
Série Insectes © K.Hibbs
Détail -Série Bestiaire © K.Hibbs
Microfaune aux profondeurs marines© K.Hibbs
Superhéroïnes, cyborgs et design industriel
Aux yeux du créateur visionnaire, le corps humain est un perpétuel champs d’exploration inspiré par le futurisme et les formes transhumanoïdes. Mugler, devenu Manfred T.Mugler, un peu dans la même veine que l’artiste Orlan, utilisera son propre corps comme terrain d’expérimentation ( body building, chirurgie plastique). L’espace dédié à ses silhouettes aérodynamiques et robotiques au sein du parcours au Musée des Arts Décoratifs est très impressionnant. Mugler évoque à propos de cette période de création » J’ai toujours essayé dans mon travail de rendre les gens plus forts qu’ils ne le sont vraiment ». Ici les silhouettes blindées de morceaux de carrosserie Buick incarnent la vision futuriste de guerriers en armures industrielles. La femme affranchie est corsetée dans les ailerons d’une Cadillac Eldorado des années 50 .
Bustier Buick© K.Hibbs
Cyborg© K.Hibbs
Mugler trouve ses sources d’inspiration dans le monde cinématographique Metropolis(1925) de Fritz Lang ,Carl Theodor Dreyer, Fellini mais aussi dans les photographies de Cecil Beaton, Horst et Newton. Il développera une passion pour l’art photographique réalisera diverses campagnes publicitaires pour sa propre marque dont le parfum Angel, visuel réalisé au Nouveau Mexique en 1995 avec Jerry Hall moulée dans une sublime robe sirène. Il a incarné la globalisation de la mode sous toutes ses formes avec des créations pures , la mise en scène, les films et un immense talent de photographe.
Mugler, photographe et showman
Dès 1976 se lancera dans des prises de vues photographiques en concertation avec ses égéries de Jerry Hall à Iman dans des lieux extrêmes au Groenland, dans le désert du Nouveau-Mexique ou encore sur les toits de l’Opéra de Paris. Il avait un point de vue poétique sur le monde, » il suffit de savoir regarder et voir la beauté » selon Manfred Thierry Mugler. C’est une collaboration sur des prises de vues avec Helmut Newton qui sera le déclencheur pour que le
Campagne publicitaire Angel avec Jerry Hall © T. Mugler
Glamazones, belles de jour et belles de nuit
Silhouettes et taille de guêpe, décolletés vertigineux de la femme urbaine se déclinent dans cette section de l’exposition avec une incroyable sensualité avant de se rendre dans la dernière partie de l’exposition consacrée aux 70 costumes commandés par la Comédie française à Thierry Mugler pour Macbeth et Lady M.
Glamazones© K.Hibbs
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Exposition Couturissime-Thierry Mugler
Jusqu’au 24 Avril 2022
MAD -Musée des Arts décoratifs de Paris-
107 Rue de Rivoli 75001 Paris
Tel/ 01 44 55 57 50
Texte & Photos © K.Hibbs
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