Le 25è festival du cinéma brésilien de Paris de cette année s’est achevé le 11 Avril et nous vous dressons aujourd’hui le bilan de cet événement très réussi qui a eu lieu au cinéma l’Arlequin.Le Brésil connaît un tournant important dans sa vie sociale et politique et dans cette édition il a beaucoup été question de démocratie, de valeurs à défendre notamment pour les artistes brésiliens dont la créativité a longtemps été muselée. Le cinéma brésilien fait une mise au point sur cette question fondamentale dans cette 25 è édition à travers des fictions et des documentaires poignants. Grâce à l’association à but non lucratif Jangada ( jangada désigne une embarcation à voile typique du nord-est du Brésil) créée en 1998 par Katia Adler, la culture brésilienne est diffusée en Europe et en Amérique du Nord. C’est ainsi qu’a pu avoir lieu l’échange entre les artistes brésiliens, les producteurs, les institutions du cinéma et le public de chacun de ces lieux. Depuis 25 ans l‘association Jangada organise le Festival du Cinéma Brésilien de Paris. Au Canada, depuis 2007, elle organise également les Festivals du Cinéma Brésilien de Montréal et de Toronto. Depuis 2018, elle développe le projet Jangada VoD, une plateforme de distribution en ligne qui offre aux utilisateurs européens une sélection de films brésiliens sur Internet.
Affiche du Festival du cinéma brésilien de Paris © DR
Nos trois coups de coeur
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La démocratie en Noir et Blanc
La démocratie en Noir et Blanc est un documentaire du réalisateur Pedro Asbeg ( democracia en Preto e Branco) . Ce film montre à travers de grandes figures du football brésilien et du rock & roll comment le sport, la politique et la musique se sont conjugués pour changer le cours de l’histoire du pays qui tomba en 1967 dans les mains d’un régime totalitaire militaire après le coup d’état de 1964. Cela dura jusqu’en 1985. Le documentaire nous entraîne dans la folle aventure des joueurs de São Paolo. Connue sous le nom de « Démocratie corinthiane », l’équipe des joueurs de foot de São Paolo prendra les commandes de leur club durant la dictature militaire. En effet les joueurs étaient exploités par le régime en place avec des conditions salariales très précaires. On découvrira dans ce documentaire l’éponyme joueur Socratès et ses acolytes Wladimir, Casagrande et Zé Maria, champion du Monde en 1970 qui prendront leur destin en main en redistribuant les bénéfices à tous les employés. La gestion sportive de l’équipe sera prise en main par les joueurs eux-mêmes. Les Corinthians deviendront le symbole de la démocratie quand ils rentreront sur le terrain en novembre 1982 davec une inscription sur leurs maillots incitant les électeurs à aller voter. Par ailleurs les festivals de musique offrent une nouvelle tribune politique aux musiciens brésiliens dans la seconde moitié des années 1960, on assiste à la naissance de la musique MPB ( musica popular brasileira).
Film documentaire La démocratie en noir et blanc © DR
Democracia Corinthiana © DR
. Paloma de Marcelo Gomes
Cette fiction de 2022 a été multipliée. Elle nous raconte l’histoire vraie, tirée d’un fait divers de Paloma, transgenre, interprétée par Kika Sera. La jeune femme, travailleuse agricole dans la région du Sertão dans le nord-est du Brésil veut mener une vie normale et normée en se mariant à Ze en la présence d’un prêtre à l’église. Le film nous raconte les rejets et les injonctions morales subis par Paloma non sans violences. Ce film rend hommage aux minorités dans la société brésilienne. La photographie du film réalisée par Pierre de Kerchove est magnifique dans des paysages arides et un décor sans complaisance.
Film Paloma© DR
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Jair Rodrigues-Deixa que Digam (laisse les parler)
Ce documentaire de Rubens Rewald explore la vie et le destin incroyables l’un des chanteurs les plus importants de la musique populaire brésilienne. A l’âge de 5 ans Jair travaillait dans les plantations avec sa mère, il devint ensuite tailleur et chanteur un peu par hasard. Débordant d’une énergie créative et doté d’un sourire ravageur, Jair devint une célébrité de la samba et de la MPB en passant par le rap et le genre musical « sertanejo « . Jair Rodrigues De Oliveira rencontrera la grande chanteuse Elis Regina avec laquelle il formera un duo qui obtient un grand succès dans l’émission O fino da bossa.Le documentaire est partiellement raconté par son fils Jair Oliveiro qui se fait la voix de son père et présente des scènes touchantes et complices entre Jair et ses deux enfants, Jair et Luciana Mello, tous deux chanteurs reconnus au Brésil.
La Fondation Gol de Letra et le projet Brésil sur Seine 2024
L’association Jangada et la fondation Gol de Letra cultivent le goût du partage. La première en ouvrant la diffusion de la culture brésilienne dans sa diversité, en France et dans le monde. La seconde en offrant à des jeunes habitant des communautés socialement vulnérables du Brésil des leviers de transformation sociale par le sport, la culture et la formation professionnelle.
Depuis des années, ces deux structures amies se croisent et se soutiennent. L’ancien footballeur Raí est le fondateur de Gol de Letra.
Le projet Brésil sur Seine
Pour célébrer les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Jangada et Gol de Letra s’associent pour lancer dans le cadre de l’Olympiade culturelle, le projet Brésil sur Seine.
La ville de Saint-Ouen-sur-Seine a signé un accord avec le Comité Olympique Brésilien et se prépare à revêtir les couleurs vert et or puisqu’elle accueillera la délégation sportive brésilienne lors des jeux. C’est pourquoi Jangada et Golde lettre ont choisi de s’établir dans cette ville.
Karim Bouamrane, Maire de St Ouen, Katia Adler, fondatrice du festival Jangada et RaÏ, ancien footballeur au Brésil © DR
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