Le Musée Guimet propose jusqu’en août prochain une fascinante exposition sur 2000 ans d’histoire du théâtre en Asie. Entre monde visible et invisible, les divinités tout comme les animaux sont évoqués ici à travers une très riche collection de costumes, masques et kimonos mettant en avant l’univers théâtral sous ses formes les plus diverses…
En Asie, le théâtre a longtemps été associé aux dieux et au culte des ancêtres, codifiant le rôle social de ses interprètes à travers des costumes, des maquillages et des masques.
L’art du kathakali en Inde est apparu au XVIIème siècle utilisant le langage des gestes et le mouvement appuyé des yeux. Ici les couleurs du maquillage ont fonction de masque présentant tour à tour des héros ou des démons qui s’affrontent. Ceux-ci sont également personnifiés dans toute l’Asie du Sud et par la tradition du théâtre d’ombres en Thaïlande, au Cambodge ou encore en Indonésie. Le Montreur d’ombres, Nai Nang en Thaïlande ou Dalang en Indonésie, incarne des fonctions divines et surnaturelles à mi-chemin entre le monde des dieux et des hommes.
Du théâtre épique au divertissement….
En Chine, les marionnettes à fil servaient traditionnellement un théâtre religieux. Au XIXème siècle, l’Opéra de Pékin associera au théâtre vivant chants, danses et mime pour évoquer le folklore chinois, des histoires d’amour ou des légendes ancestrales. Plus de 1400 œuvres constituent le répertoire de l’Opéra de Pékin. La révolution culturelle considérant cette forme artistique trop «bourgeoise» détruira une partie de ce riche patrimoine en brûlant nombre de costumes flamboyants.
Dans le cadre de l’exposition du Musée Guimet on pourra découvrir la collection miraculée de l’artiste lyrique chinois Shi Pei Pu.
Nô, Bunraku et Kabuki, arts scéniques majeurs du Japon…
Le théâtre Nô est une expression traditionnelle et aristocratique née au XIVème siècle appréciée principalement par les samouraïs et l’Empereur. C’est un récit lent et psalmodié qui se joue avec un masque et un costume faisant office de décor. Les acteurs sont vêtus de sous-kimonos et de sur-kimonos. Le tissu très travaillé de ces vêtements évoque tous les éléments constitutifs de la narration: la représentation de feuilles d’érables nous indiquera que la scène se passe en automne.
Des lamelles de papier tissées avec des formes géométriques symbolisent un sentier au bord de l’eau («yamamichi»). La couleur brune évoque la tombée de la nuit quant aux broderies, elles suggèrent une présence féminine. Le masque, quant à lui, apporte des éléments de compréhension supplémentaires.
Dans le Nô, l’acteur porte un masque plus petit que son visage, il voit à travers les fentes et son espace de mouvements est conditionné par son espace de vision. Le masque fait corps avec l’acteur et se «réveille » sur le visage, comme s’il empruntait ses traits. Chaque acteur rentre en véritable communion avec lui. Le théâtre Nô utilise le tissage dans lequel Maître tisserand Itarô Yamaguchi fut l’expert à Kyoto et travaillait sur un métier à tisser Jacquart.
Le Kabuki est né au XVIIème siècle par opposition au Nô. C’est un divertissement populaire apparu à l’époque Edo en 1603. Cette forme théâtrale est exclusivement interprétée par les hommes sur des scènes extrêmement sophistiquées.
L’art des marionnettes Bunraku
Au XIIIème siècle, des karaishi, marionnettistes itinérants, se déplaçaient de ville en ville puis se sédentarisèrent dans les temples. Plus tard cet art se développa sous forme de contes chantés («joruri») dans l’ouest du Japon, accompagnés par le traditionnel shamisen, instrument à 3 cordes.
Il faut trois manipulateurs pour faire vivre des marionnettes souvent hautes de plus d’un mètre et pouvant peser jusqu’à 5 kilos. Avec un peu de chance, vous pourrez croiser sur l’île de Shikoku des maîtres marionnettistes experts du Bunraku. Le répertoire de cette forme artistique reprend des histoires de destins tragiques telles que celles du «double suicide» version asiatique de Roméo et Juliette. Le film «Dolls» du cinéaste japonais Kitano nous plonge dans cet univers bouleversant et poétique.
Mata Hari, soleil levant du Musée Guimet…
Cette femme hollandaise, Lady Mac Leod, était mariée à un capitaine de la marine et revint en France au moment de la mode orientaliste. Emile Guimet fut séduit par son savoir faire en danse orientale. Il lui proposa de venir danser dans la rotonde du musée lui prêtant des costumes de la collection Guimet afin de faire connaître son musée. Une soirée fut donnée dans la demi pénombre où Mata Hari exécuta diverses danses brahmaniques où elle se dévêtit progressivement pour terminer en collant chair.
0 commentaires